Souvenirs d'Autos • Cadillac

Souvenirs d’autos*(5) : La Cadillac de Franck Fernandel

Par Thibault Chatel*. Nous sommes en 1979. Je travaille depuis un an à Radio-Monte-Carlo et j’ai été chargé de préparer un diaporama pour présenter les animateurs de la station. Je fais donc une grande tournée avec François Gilson, un très bon photographe et mon Nagra (un magnétophone).

Ce matin-là, un samedi, nous avons rendez-vous avenue Fernandel, à Marseille dans le 12e arrondissement aux Mille Roses. C’est la propriété de la famille, où il y a plusieurs maisons (celle du père, disparu à cette époque, de la sœur de Franck, la sienne ainsi qu’une petite ferme). En fait l’endroit est immense… Et comme c’est sur les hauteurs de Marseille, il y a un endroit dans la propriété où on voit la mer !

Cadillac

Nous arrisons à 10 heures du matin et nous entrons dans la pièce principale où il y a un désordre dingue (des bouteilles traînent même sur le billard). Franck Fernandel s’excuse, il a fait une petite fête la veille au soir et le samedi, il n’a pas de personnel ! Bref, on range un peu pour pouvoir faire des photos. Puis, je commence mon interview. Tout se passe très bien. À midi pile, Franck Fernandel nous offre l’apéritif en apportant des verres, des glaçons, une carafe d’eau, une bouteille de scotch et une bouteille de Pernod. Cette dernière semble très ancienne avec un bouchon en liège !

Je dis à Franck Fernandel :

-       Elle est magnifique cette bouteille…

-       Elle vient des réserves de mon père, il avait peur de manquer et il nous en reste deux mille bouteilles dans la cave !

À 13 heures, on a terminé de travail, les photos de Franck sont faites et l’enregistrement aussi. J’ai de quoi faire. On dit qu’on va partir, mais notre hôte semble très contrarié. Il nous affirme qu’il a réservé dans une pizza pas loin et que nous sommes ses invités ! Donc, nous voilà partis avec lui (on a déjà un peu trop bu) dans sa Cadillac Seville flambant neuve et encore immatriculée en WW.

fernadel

On arrive une demi heure plus tard dans la « pizza » qui se révèle être un superbe restaurant italien, faisant « aussi » des pizzas.

-       La table de Monsieur Fernandel !

À peine arrivés, un garçon se pointe avec une bouteille de scotch, des verres et des glaçons. Décidément, c’est une manie. On fait un déjeuner délicieux et bien arrosé. Franck se révèle être drôle, sympathique. Bien sûr il nous raconte des anecdotes sur son père, le grand Fernandel. Un vrai patriarche marseillais. Les femmes à la cuisine pendant que les hommes parlent. Il nous raconte qu’à son décès, sa mère lui avait dit :

-       On va vendre des meubles, pour faire un bel enterrement à ton père…

Cette bonne mère de famille ne savait qu’ils étaient propriétaire de l’appartement de l’avenue Foch où ils habitaient et aussi de tout l’immeuble !

Après un repas pantagruélique, on ne titube pas mais presque. On remonte dans la Cadillac et au premier virage nous tombons sur un barrage de police ! Fernandel s’arrête.

-       Carte grise, permis de conduire, vignette ! ordonne un jeune flic de mauvaise humeur.

En fait Franck n’a rien. Il est parti comme ça, les mains dans les poches. Je me dis : « on va finir au gniouf »…

Là-dessus, Franck, très calme, se tourne vers nous et nous affirme :

-       Je vais arranger ça…

Il sort de la voiture et demande à parler au chef. Arrive un brigadier encore plus énervé et furieux… qui se calme immédiatement quand Franck affirme :

-       Bonjour (accent marseillais), je suis Franck Fernandel et j’ai oublié mes papiers et…

Il n’a pas le temps d’en dire plus. Le chef se met au garde à vous…

-       Désolé, Monsieur Fernandel ! La bonne journée !

..et donne l’ordre de nous laisser repartir ! Le flic qui nous avait arrêté s’excuse, nous salue et arrête la circulation pour qu’on s’en aille.

Je regarde Frank Fernandel au volant. Je suis estomaqué. Lui très calme. Comme il est réservé, il n’ose pas me dire :

-       Ben oui, mon père étant une gloire nationale, mois je suis une gloire locale…

Je lui dis :

-       Elle est bien ta Cadillac.

-       Je n’ai que des voitures américaines ! dans la région, c’est ce qui il y a de mieux !

Salut l’artiste.

Tu étais un type charmant et talentueux…

Retrouvez les 37 souvenirs d'autos de Thibault Chatel

*Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Mon enfance se déroule donc dans les années 60 et mon adolescence dans les années 70. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. De temps en temps, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A

 

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Mercredi 7 mai 2014

L’avis des Petits Observateurs

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