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Une Delahaye Type 135 M se réveille après 60 ans de sommeil !

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POA a répondu à l'invitation de l'étude Le Floch pour venir assister en direct à "la sortie de grange" d'une Delahaye Type 135 M de 1949, carrossée par Henri Chapron, qui n'avait pas vu le jour depuis 1965.

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Vendredi 7 mai 2021

Emblématique de la production française

Entre 1935 et 1952, les Delahaye type 135 et ses différentes déclinaisons ont dominé le monde automobile aussi bien en sport qu’en luxe ou élégance. Avec ses nombreuses victoires dans les compétitions majeures, les versions sport/courses sont restées dans les annales comme une formidable réussite de Delahaye et de la France.

Habillé par les plus grands « couturiers d’automobiles », tels que Figoni et Falaschi, Chapron, Saoutchik, … le châssis Delahaye 135 est l’une des meilleures références en matière de carrosserie, de style et d’élégance. Ses nombreuses victoires en concours d’élégance peuvent en attester.

La Delahaye n°801114

est habillée d’une carrosserie signée Henri Chapron. Il s’agit d’un cabriolet deux portes quatre places. La capote est équipée de compas extérieurs qui permettent la position « Mylord » mi-ouverte avec les seules places avant découvertes. C’est un grand classique à l’élégance raffinée de ce carrossier de réputation mondiale.

La structure en bois servant d’ossature à la carrosserie apparaît saine tout comme la tôlerie qui la recouvre. La peinture a probablement été refaite vers la fin des années 50 ou au début des années 60 dans les standards de l’époque pour une voiture d’occasion.

Historiquement, elle mériterait sans doute d’être soignée et conservée. Les pièces chromées sont ternes et à astiquer mais paraissent être en bon état. La sellerie est d’origine en cuir havane. Elle présente une très belle patine et un rare état de conservation sans accrocs ni déchirures. A l’avant, si les dossiers sont séparés et basculant, l’assise est formée d’une seule banquette ce qui n’est pas très fréquent. À l’arrière, le dossier peut basculer vers le haut permettant d’emporter des objets assez longs. Les moquettes sont globalement bien conservées et d’origine.

La capote est doublée et présente relativement bien mais n’a pas été ouverte depuis très longtemps. Il faut noter qu’un couvre-capote est présent ainsi qu’un rare couvre-tonneau pour les places arrière.

Le tableau de bord en bois est complet de tous ses instruments avec compteur, compte-tours, montre, température et pression d’huile, niveau d’essence et ampèremètre qui sont installés sur une plaque métallique centrale. Une température d’eau conforme a été installée discrètement sans apparaître sur le tableau de bord.

63 495 km seulement

Le volant est le beau modèle à ressorts avec quatre branches. Affichant seulement 63 495 km, ce kilométrage est très probablement d’origine eu égard à l’état général de la voiture. A l’extérieur, une antenne télescopique pour un poste TSF est installée mais l’habitacle n’a apparemment pas reçu cet équipement.

Toute la partie électricité est bien d’origine et apparaît en bon état de conservation. Tous ces éléments importants montrent que la voiture a vécu avec de bons soins et que l’habitacle nécessitera peu de soins sinon un nettoyage et un entretien du cuir.

135 MS, le moteur le plus puissant

Notre Delahaye est équipée de luxueuses roues chromées à moyeux Rudge et rayons avec pneumatiques en 6,00x17. Les roues sont à refaire et les pneus sont à changer. La roue de secours est présente dans le coffre avec quelques outils dont la manivelle du moteur. Bien que la plaque du constructeur soit d’origine et indique le type 135 M, le moteur avec ses trois carburateurs et son collecteur spécial est du type 135 MS, le modèle sportif plus puissant.

Le bloc moteur n’a pas sa plaque d’identification, il n’est donc pas possible d’affirmer que ce moteur soit celui d’origine de la voiture. Un moteur n’est qu’un élément de la voiture qui peut être facilement changé en cas de problème. Si c’est le cas, ce changement a été fait durant la période normale de la vie de la voiture probablement vers 1956. Le moteur tourne à la manivelle et les compressions peuvent être déterminées.

La boîte de vitesses est une Cotal électromagnétique à quatre rapports avec inverseur. Il faut souligner que la cloison pare feu dans la baie moteur porte un marquage d’origine à la peinture indiquant le numéro 801114 et que la zone comportant la batterie est recouverte par une rare toile en plastique. Ces deux détails sont d’origine mais ne se rencontrent quasiment jamais. L’historique de cette Delahaye est assez singulier.

La voiture qui date de 1949, fut immatriculée dans le département de l’Aube sous le numéro 1 H 10 au tout début de 1952. Au mieux, il peut s’agir d’une ré-immatriculation à titre gratuit dans la toute nouvelle série (à partir d’avril 1950) par le premier propriétaire. Le numéro 1 d’une série était souvent « réservé » à l’avance et ne se retrouvait que rarement par hasard sur un véhicule. Il eut été intéressant de connaître ce propriétaire mais hélas, les archives départementales nous ont confirmé que « conformément à la loi » les documents qui permettraient de remonter l’historique ont été détruits.

Après 1 H 10, notre Delahaye reçoit le numéro 3888 EU 75 qui est attribué le 7 mars 1956 au réputé garage France-Motor de Neuilly-sur-Seine. Ce garage était spécialisé depuis l’avant guerre dans les voitures américaines. Il s’agit peut-être d’une reprise sur l’achat d’une voiture américaine très en vogue à l’époque. Elle passe rapidement, le 7 juin 1956, chez un célèbre garage voisin, le garage Waller situé au 24 avenue de Villiers à Paris. C’est chez ce spécialiste des Delahaye que travaillait Jean-Pierre Bernard qui sera dix ans plus tard le fondateur du club Delahaye France. Est-ce le garage Waller qui installa le moteur 135 MS et repeint la voiture pour en faciliter la revente à la mi-1956 ?

C’est dans un box-garage au sous-sol de l’immeuble d’un de ses amis que Monsieur Pierre G. stationne sa voiture courant 1964 (ou au plus tard en 1965) à Boulogne-Billancourt tout près de Paris. Trop longue pour le box, la voiture fut « raccourcie » en démontant les pare-chocs qui n’ont pas été retrouvés. Cinquante-six ans plus tard, en avril 2021, cette Delahaye endormie sous sa bâche poussiéreuse a enfin revu la lumière du jour. Globalement la voiture est très saine que ce soit dessus, dedans ou dessous et sa mécanique bien préservée. Le stockage en sous-sol au sec a grandement contribué à ce rare état de conservation. Cette élégante Delahaye 135M cabriolet 3 positions par Chapron représente une découverte exceptionnelle aux portes de Paris, miraculeusement intouchée et préservée depuis plus de soixante-cinq ans. La découverte de cette belle Delahaye nous a procuré une intense émotion et c’est un grand honneur pour l’étude Le Floc’h de proposer aux amateurs une pièce aussi émouvante, une authentique « sortie de grange ».

Texte provenant du catalogue de vente Le Floch

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