Souvenirs d'Autos

Souvenirs d'Auto (310) : La leçon de Stop

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Le roi Nabu a encore frappé. On se prosterne devant lui et surtout on met un genou en terre devant le talent ! Ah ! le brave homme.

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Vendredi 25 décembre 2020

Illustration - Souvenirs d'Auto (310) La leçon de Stop
Souvenirs d'Auto (310) La leçon de Stop

Nous sommes au milieu des seventies. Mon frangin et moi passons nos vacances d’été au nord-ouest de la Sardaigne, dans une vieille cité Catalane; Alghero. Rivière du corail.

Chaque jour est un peu plus chaud. Pour les balbuzards nocturnes prépubères que nous sommes, la seule activité diurne à peu près buvable est, la sieste.

Illustration - Souvenirs d'Auto (310) Plage
Souvenirs d'Auto (310) Plage

À la pêche sur la passeggiata la veille au soir, nous avons hameçonné deux bombes Lombardes qui nous ont filé rencard pour le lendemain à la Bombarde.

Par cagne nous faisons nos pâtés sur le sable fin du Lido, accessible à deux pas de la citadelle. La Bombarde c’est déjà l’aventure, le large. Nichée au milieu des pins la plage est à la fois discrète et sauvage. Son sable blanc et ses eaux limpides se gagnent en empruntant la route en direction du Capo Caccia. Au bout de la longue ligne droite après Fertilia, il faut laisser la baie de Porto Conte pour bifurquer sur une piste en perpendiculaire, poussiéreuse et bordée de figuiers de Barbarie qui ne protègent nullement du soleil.

Frétillants aux aurores, notre instinct grégaire nous pousse à retrouver nos deux torpilles ritales rencontrées la veille. Sachant l’ardeur des artilleurs locaux, le temps nous est compté, il n’est pas question de traîner. Sans le sou, la solution qui tombe sous le sens, c’est l’auto-stop. Sur cette route littorale, la circulation reste soutenue et comme les Sardes, souvent seuls au volant, roulent nonchalamment le coude à la portière, cela ne devrait être que pure formalité.

L’agitation parkinsonienne jusqu’à la déraison de nos pouces le bras tendu à l’horizontale et nos sourires de godiches continentaux fraichement débarqués n’y feront rien. Nos tentatives se révèleront toutes infructueuses. Le Maure à quatre têtes ne connaissant visiblement pas l’art premier, quasi nuragique, de l’auto-partage, nous nous taperons entièrement les dix bornes du voyage à pinces, comme deux jeunes crevettes au teint rose, vêtus d’un simple slip de bain et d’une serviette nouée autour…

Entre-temps, le chaud Phébus avait entamé son travail de sape et nos épaules virées au rouge écrevisse bien avant de toucher au but.

Enfin la Bombarde. Nos naïades atomiques sont là, étendues sur le sable, alors que quelques snipers, musclés et bronzés, le doigt sur la gâchette, les mitraillent de leur baratin pantomime. La situation ne tourne guère à notre avantage. Bien que l’on en pince, inutile de livrer bataille au milieu de ce panier de crabes. Nous camperons en retrait, accroupis au bord de l’eau, recroquevillés sous nos serviettes comme deux Bernard l’Hermite sous leur coquille d’emprunt.

Illustration - Souvenirs d'Auto (310) Plage
Souvenirs d'Auto (310) Plage

Nos efforts faits tantôt sous le cagnard n’en resteront néanmoins pas vains. Sentant notre désarroi et comprenant notre gêne, les deux sylphides volèrent enfin à notre secours. Obligeamment et patiemment elles videront le contenu de leurs cartouches de crème solaire sur nos dos meurtris, ce qui aura pour conséquence bénéfique immédiate de faire battre en retraite les Adonis. Un juste retour des choses en somme, que notre plan de bataille imparfait n’avait toutefois pas imaginé sous cet angle…

L’échine pétrie, nous boirons le calice jusqu’à la lie. Pétries de remords à leur tour, elles nous proposeront de rentrer en leur compagnie comme pénitence.

« Faremo autostop », lance alors la plus amazone sous nos regards médusés. Au premier doigt levé, voilà que déjà trois ou quatre Nuova Cinquecento qui maraudaient sous les pins, musique à fond, vitres et ciels de toit ouverts, s’arrêtent spontanément tout en se signalant de hâtifs coups de klaxons en guise d’accueil. Sans demander notre reste, nous nous engouffrâmes derrière nos sirènes de secours par la première portière entrouverte, retenue par un bellâtre complaisant, sûr de sa bonne charité. Nous ne ferons pas un seul mètre à pied.

Notre peine n’aura pas été perdue et la leçon retenue : Le stop est un art qui ne souffre l’impromptu.

À Tatou.

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Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…  Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci.

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