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La Révolution Ami : tourner sur son orbite ou consensus boursier ?

Carte Blanche à Michaël Oualid à propos de la Citroën Ami.  L’Ami est un merveilleux condensé de notre époque, des bonnes intentions de façade.Plusieurs indices me laissent à penser que Citroën n’y croit pas.  Par Michaël Oualid

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Mercredi 9 décembre 2020

Illustration - Illustration Carte Blanche Citroen Ami
Illustration Carte Blanche Citroen Ami

Premièrement, l’apparente bonne idée de la symétrie des éléments de carrosserie, comme la Peugette de 1976, n’a d’intérêt que dans les petites séries pour amortir le coût des outillages. Dans le cas d’une production importante, l’usure des moules imposent d’en prévoir plusieurs exemplaires.

Ensuite le prix, somme toute élevé pour une microcar produite par un gros industriel, me fait aussi penser à une rentabilité calculée sur un volume relativement restreint. Evidemment 6.900 euros (sans enjoliveur, ni sticker ni rien), c’est beaucoup moins cher que les concurrentes sans permis fabriquées par des micro-constructeurs aux moyens infiniment plus limités. Mais il faut avoir en tête que les coûts de production d’une Logan étaient de seulement 3.200 euros (Auto-Journal).

Et puis, l’homologation en quadricycle, la cantonne évidemment à un marché extrêmement confiné, en particulier du fait de la limitation de ses usages. A la campagne, sa vitesse de pointe de 45 km/h, son absence de coffre et ses 2 places ne prennent pas en compte les besoins des utilisateurs pour accompagner ses enfants à l’école ou pour aller faire ses courses au supermarché à 10 ou 20 km. En ville, les trajets quotidiens pour se rendre à son travail, empruntent souvent des grands axes rapides qui eux aussi sont interdits aux voiturettes. 

La réelle bonne idée de ce lancement semble être de rentabiliser l’annonce faîte aux organismes boursiers que les gesticulations d’un constructeur, si elles ne sont pas la preuve de sa bonne santé, rassurent quand même sur le fait qu’il n’est pas encore mort. C’était auparavant le rôle alloué aux concept-cars et aux mobiliers vernis des shows internationaux, qui sont, étaient plutôt, des gouffres financiers sans espoir de retour sur investissement. Bien sûr, en terme de gesticulation de Bourse, cela n’arrive pas à la cheville du champion épileptique qu’est Elon Musk, avec sa voiture sur orbite, ses tunnels sans bout, ses bateaux sans voile et ses camions sans syndicaliste.

Ici, cette petite caisse à savon, jouera joliment son rôle auprès des traders (qui en offriront une trop cool à leur rejeton dés leur puberté), pendant que les quelques exemplaires vendus rentabiliseront cette opération de communication économique. Sans oublier un bienvenu clin d’oeil aguicheur aux wannabe sauveurs de la planète qui applaudiront à leurs fenêtres cette innovation de la mobilité du futur. Il faut bien trouver quelque chose à dire sur ce sujet brûlant pour faire oublier le fiasco annoncé, et les milliards d’argent public gaspillés, de la voiture autonome 5G.

Il ne reste donc à l’AMI que le marché du car sharing dans les grandes métropoles. Mais là aussi, sa limitation à 2m50 est inutilement contraignante. Car si un constructeur voulait dessiner une voiture réellement adaptée au car sharing qui ait du sens pour lui (le Boston Consulting Group prévoit 4,7 Milliards d’euros de chiffre d’affaire mondial de l’auto-partage pour 2021) comme pour les usagers, il ferait en sorte d’en faciliter tous les usages.

Un usager d’Auto-partage veut:

- une voiture tout de suite!

Donc il en faut beaucoup, c’est à dire la moins chère possible. 

- une voiture qui ne me prend pas la tête!

Une voiture visiblement solide pour inspirer confiance en toutes circonstances et suffisamment d’espace, pour y entasser indifféremment, des enfants, des étagères IKEA ou une année de papier toilette. 

- se sentir moderne et impliqué!

Une construction écologiquement durable (plus longtemps la voiture vivra, plus le constructeur verra ses commissions sur les usages s’amonceler)

Une application pour smartphone disponible avec la voiture permettrait à chaque propriétaire de cette voiture -particuliers, clubs de sport, écoles, entreprises, sociétés spécialisés…- de devenir provider de car sharing en définissant à sa guise ses tarifs et ses membres pour chacune des voitures. Le constructeur et, suivant les cas, les partenaires (assurance, énergie, parkings, supermarchés, tourisme, …) prendraient une micro-commission sur chaque transaction financière. C’est ainsi qu’Apple avec ses iPhone ou que Google avec son moteur de recherche, ont tricoté leur fortune.

Le vrai danger qu’il y a à rater une bonne idée, telle que la « frugalité » ici, ce serait d’installer l’impression inverse et fausse que ce serait une mauvaise idée, puisque « vous voyez bien, ça ne se vend pas. Les clients veulent des SUV. » 

SUV qui sont l’exemple même de la mauvaise idée des constructeurs pariant que la rentabilité serait uniquement dans « toujours plus de produit dans le produit », rengaine survendue par des investissements publicitaires pharaoniques, 1500€ en moyenne par voiture vendue (Auto-Plus). 

On en reparle...

 

Michaël Oualid, consultant indépendant, plaide pour un retour au bon sens automobile, ce qui implique un retour à la légèreté, au questionnement du superflu "technologique" et au rôle du marketing. 

L’avis des Petits Observateurs

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