Par le Commandant Chatel. Pour ce 300e épisode de SOUVENIRS D’AUTOS, je vous propose une histoire qui nous fait rire depuis bien longtemps !
Quelque part au milieu des années 1960, j’ai 5 ou 6 ans et je suis en vacances avec mes parents dans le Chalet Rouge de la famille.
Cette maison a été construite par le père de ma grand-mère maternelle au début du siècle et s’appelle ainsi à cause de son toit en tuiles rouges.
Mon fils François de nos jours devant le Chalet Rouge. Cette maison se trouve sur la plage de la Madeleine à Sainte-Marie du Mont en Normandie.
Mais depuis le 6 juin 1944 on appelle cette magnifique plage « Omaha Beach »…
Le Chalet Rouge le jour du débarquement
L’été quand il fait moche, ma chère grand-mère m’emmène dans sa Renault Dauphine découvrir la région.
Mon frère Philippe devant la fameuse Dauphine
Nous allons par exemple sur la tombe de son père (mon arrière grand père, donc)
La tombe de Joachin Lepelletier au petit cimetière de Sainte-Marie du Mont
Mais ce jour-là, elle décide de m’emmener voir le Fort des Gougins. En chemin, elle me raconte que la Tante Lécuyer (haute personnalité de la famille, la sœur de Joachin), n’ayant pas d’enfant, a fait hériter (notamment) ma grand-mère de ce fort Vauban (quand même) !
Mon fils François devant le fort des Gougins, de nos jours
Nous voilà devant le Fort des Gougins avec la Dauphine sur une piste de sable. Bien sûr, je pense que nous allons entrer dans l’enceinte et visiter… mais ma grand-mère me dit que comme les Nazis ont réquisitionné le fort pendant l’occupation et qu’ils ont miné le terrain avant de partir, qu’il n’est pas question qu’on entre. Ma chère Mamie a peur qu’on saute sur une mine (aujourd’hui, je la comprends…)
Donc, nous voilà derrière le portail à observer le fort… quand je vois des bonnes-sœurs cultiver un potager.
Je suis môme et je ne comprends pas… que font ces bonnes sœurs ici ?
Ma grand-mère m’explique qu’elle a donné le fort à des bonnes sœurs en 1946. Bon. On décide de repartir, mais voilà que la Dauphine est enlisée dans le sable meuble…
Ma grand-mère est très calme et me rassure : J’ai dit à ton père qu’on allait aux Gougins, il ne va pas tarder… je le connais.
Mes frères Philippe, Renaud (je suis sur ses genoux) et Frank. Dans le fond, la Frégate Transfluide.
En effet, une heure plus tard surgit notre sauveur dans sa Frégate Transfluide (« Sa boîte de vitesses semi-automatique à convertisseur de couple s’étage sur les modes Ville-Route, Montagne et Exceptionnel » vantait le prospectus).
Mon père accroche une corde, dans mon souvenir aux pare-chocs, et tire la Dauphine en pestant sur la boite Transfluide de la Frégate et en jurant qu’on ne l’y prendrait plus !!
Bref. Après un long moment, les hurlements du moteur de la Frégate, des gerbes de sable mouillé en l’air et pas mal de noms d’oiseaux, la Dauphine et nous sommes enfin sauvés. Le soir au dîner, bien sûr notre aventure est racontée à plusieurs reprises.
Ma mère revient à plusieurs reprises sur : – Mais pourquoi n’as-tu pas gardé le fort pour la famille ?
Ma grand-mère répondant : – Ah non, j’avais trop peur qu’un enfant saute sur une mine !
Ma mère insistant : – Mais une bonne sœur aurait pu exploser !
Ma grand-mère, royale : C’est vrai, mais que veux-tu, les sœurs, ce qu’elles veulent, c’est être plus près du Seigneur… alors…
Ma chère grand-mère et moi en 1960.
À ma connaissance, depuis le départ des Allemands, personne n’a sauté sur une mine aux Gougins ! Et c’est très bien comme ça.
Cette rubrique est aussi la vôtre ! Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.
Protectrice et patriote, vot’ grand-mère Commandant.
Sous prétexte de protéger ses enfants, se faisant elle prémunissait le pays d’un retour de l’ennemi en « minant » le fort à sa façon.
Plus près du Seigneur pour la 300ème, nous serons encore plus près du Paradis pour la 400ème.
Bon anniversaire Commandant
La 300ème, une guerre, un certain Commandant Chatel, les années 60 !
Un scénario qui n’aurait pas déplu à Schoendoerffer.
Quant à grand mère, les soeurs, les enfants et deux autos… je jugerai du Pierre Perret, Commandant !
On jurerai..
J’avais un voisin agriculteur éleveur qui, redoutant de prendre une « praline », faisait tester la clôture électrique à son teckel (qui désapprouvait d’un « kaï » sonore et pathétique). Votre histoire procède un peu de la même technique.
On vous aurais pas r’connu mon Commandant, comme ça, camouflé dans les bras de vot’ grand mère…
C’est après que vous avez explosé, artistiquement parlant…
😉
Voilà…
Quand les gars de la 300° débarquent…
Les Gougins, à côté de Quineville, je connais très bien !
C’est chez moi…
Une 300ème explosive mon Commandant ! Dites-moi c’est quand même fort de café de laisser le bastion aux bonnes soeurs, il est toujours entre leurs bonnes mains ?
Je ne crois pas, non…
C’est loin, tout ça.
Je crois que Monsieur Huile de cannes parlait de la main de ma sœur… Commandant.
Le commandant nous offre un feu d’artifice pour la 300 ème.
Une Boum, comme vous dites…
Ma jeunesse c’est plutôt SWORD ( Saint Aubin, Luc…)
là il s’agit d’UTAH
MAIS, OUI !!
Mille pardons, pour cette erreur !
C’est bien sûr Utah Beach !
Nom de Dieu de Nom de Dieu le Comanche s’est planté de plage. Replis général et que ça saute !!!
Va savoir si les bonnes sœurs ne rêvaient pas en secret de s’envoyer en l’air, ne serait-ce qu’une fois ?
A la vue de l’autocollant ce n’était pas la Dauphine ordinaire, mais le modèle aérostable … gamin ça me fascinait ! Comme je ne comprenais pas trop … En tout cas merci pour cette très belle histoire Commandant.
Bon couvre-feu à vous !
Tout cette histoire me fait aussi bien rireet j’ai peine à distinguer la foi de l’humour. Je penche pour bp d’humour. A travers cette histoire, moi et d’autres, revoient leur enfance. Ces moments en famille, ces franches rigolades. Ces moments demeurent bien sûr. La différence ? Je dirais des yeux plus « adulte ». Gardons bien notre humour, sachons rire de ns même. C bien ds l’esprit de POA….
Et allez tous en chœur :
« Plus près de toi mon Dieu !!!! Plus près de toi !!!! »
Mes respect mon commandant et merci pour ses tranches de vie si savoureuses
Go Poa !!!!
Nom de Dieu pour sa 300ème le Commandant sur son 31 est allé se recueillir sur les plages du débarquement…
La compagnie, à vos rangs… Fixes : Garrrr-D’à’VOUS !
😉
Plus près de toi mon Dieu…
Fut le chant du cygne entonné par les naufragés du Titanic, bien avant ceux qui, découvrant Omaha Beach, n’en eurent guère le temps…
Le Seigneur ne m’avait par contre jamais parlé de cette boîte transfluide chargée, si je vous ai bien compris, de convoyer les âmes…
Amen.
Belle histoire mais avec une réflexion de fin assez explosive….
Jamais essayé une boite Transfluide mais il parait qu’effectivement, ce n’est pas idéal…
Merci Mon Commandant.
Alain, prem’s