Souvenirs d'Autos • Maserati

Souvenirs d'Autos (272) : il ne faut pas pousser le bouchon

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Voilà une « aventure » que seuls les bagnolards peuvent comprendre. Pour les autres, je ne peux rien… En tout cas, moi, je comprends Christophe qui nous avait déjà régalé avec le Souvenir d’Auto 224 (/2019/04/souvenirs-dauto-224-un-reve-nomme-maserati.html) Une dernière précision, Christophe vit au Japon.



 

Je suis un maniaque absolu quand il s'agit de conserver à ma belle automobile la splendeur de ses origines. Pas une vis ou une agrafe plastique ne doit manquer à l’appel.

Mais un matin, catastrophe ! Je constate que le bouchon de valve de l’un des pneumatiques a disparu, sans doute mal revissé par le garagiste à qui j’ai eu le tort, quelques semaines auparavant, de laisser vérifier la pression au lieu de le faire moi-même.



Pas de panique : ça ne me met pas de bonne humeur mais je pense alors que je vais vite trouver un bouchon de remplacement… Hélas, je me rends compte rapidement, après quelques recherches sur internet, que la quête va être plus difficile que prévu: ma Maserati de 2007 est équipée de bouchons de valve fabriqués par LE spécialiste de ce type de produit (et oui, il y a un champion mondial du bouchon de valve !), la marque allemande Alligator. Et le type que je recherche est assez spécifique et surtout de couleur gris métal, pour s’assortir parfaitement à la couleur de la jante.

Les recherches chez les revendeurs de voitures récentes ne donnent aucun résultat = ils n’ont à proposer que de vulgaires bouchons en plastique noir, ou, pour les marques premium, des bouchons de valve usinés dans les métaux les plus exotiques. Ceux-ci semblent équiper désormais la totalité des voitures d’un certain standing, en tout cas au Japon, où j'habite. Mais il est hors de question que je sacrifie à cette mode moderne qui piétine les traditions (Alligator produit des bouchons de valve de qualité supérieure depuis 1920).

Je continue donc mes recherches, et finis par découvrir que le bouchon que je recherche a aussi équipé une BMW, le modèle E36 à la fin des années 90. Dès le week-end suivant, j’embarque donc ma petite famille en voiture, direction la principale concession BMW de Tokyo.



Ouverte en 2017, c’est un complexe impressionnant : 27.000 m2 de surfaces d’exposition et d'essais jouxtant des salons au style résolument futuriste. L’entrée du bâtiment principal fait penser au hall de départ pour l’Odyssée de l’Espace. J’ai sans doute l’air un peu perdu, car l’hôtesse d’accueil qui s’avance vers moi se veut rassurante, et m’adresse la bienvenue avant de s’enquérir, questionnaire et crayon en main, du but de ma visite :



  • Par quel type de véhicule êtes-vous intéressé ? familiale ou sportive ? électrique ? coupé ? quand pensez-vous faire votre achat?…




Je l’interromps :



  • Non, non , en fait, moi je viens pour un bouchon de valve de pneu…




Elle est très professionnelle, mais je vois que ma demande l’a quelque peu décontenancée. Elle me dirige vers le salon, et m’installe dans l'un des fauteuils tendus d’un cuir verdâtre, au confort un peu ferme, comme il se doit dans un temple de la marque à l'hélice.

L’attente se prolonge et je commence à désespérer quand enfin je vois se diriger vers moi un japonais au physique sec et à l’allure martiale, qui m’intime l’ordre de le suivre. Il porte une blouse d’atelier blanche, dont la poche de poitrine est ornée du blason des Bayerische Motoren Werke, ainsi que des mots « Technischer Fachspezialist ». Je le suis jusqu’à une sorte de centre technique, où il s’installe à un pupitre d’ordinateur, face à moi, et me demande de quoi j’ai besoin exactement.

J’expose alors ma demande :



  • Je cherche un bouchon de valve de pneumatique gris argent de marque Alligator, pour une BMW série 3 de type E36.




Contrairement à l’hôtesse, il semble évident que ma demande lui parait tout à fait normale, voire même quelque peu triviale, et il esquisse un sourire en commençant à tapoter le clavier de son ordinateur. Mais l’optimisme confiant laisse rapidement la place à une tension perceptible, alors que la frappe sur le clavier devient plus frénétique. Il me semble même voir quelques gouttes de sueur apparaître sur son front. Le bouchon de valve résiste à ses efforts de recherche…  Jusqu’à ce qu’il se redresse soudain en m’annonçant d’un air triomphant :



  • Je l'ai ! Mais il n’est pas vendu séparément. Il faut acheter l’ensemble valve et bouchon.




Le prix annoncé me donne à penser qu’une recherche plus approfondie sur internet serait sans doute un effort profitable. Je remercie donc le « Technischer Fachspezialist », et j’en reste là, avant de trouver un peu plus tard une source d’approvisionnement en Allemagne, d’où je fais venir un lot de 8 bouchons du type recherché. À prix d’or mais quand même moins cher que la valve bavaroise.

Et depuis, je surveille le serrage de mes bouchons de valve avec plus d’attention que mon niveau d’huile !



Cette rubrique est aussi la vôtre !

Faites comme Christophe et racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion et même des bouchons de valve !!

Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !

Merci.

 

 

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Vendredi 3 avril 2020

L’avis des Petits Observateurs

2 commentaires au sujet de « Souvenirs d'Autos (272) : il ne faut pas pousser le bouchon »

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Le Lieutenant Colombo, sous prétexte que cette aventure se passe au Japon, avait émis l'hypothèse que le vol de bouchon soit l'oeuvre de Carlos Ghosn: "habitué à faire sauter les boutons de Versailles à Beyrouth, il n'aura pas prêté une attention particulière au votre, voilà tout" m'écrivait-il.
Pour ma part, je plains plutôt l'ancien patron de Nissan: même si certains ont pu dire qu'il ne manquait pas d'air, il n'est sans doute pas facile de vivre continuellement sous pression.

Lundi 11 octobre 2021 à 15h42

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