Les Essais de Patrice • Lincoln

Lincoln Continental Mark V : Mon Amérique à moi

Par Patrice Vergès. Si on vous demande de citer une marque américaine de prestige, vous répondrez généralement Cadillac. Ne pas oublier d'évoquer sa concurrente la Lincoln Continental produite par le groupe Ford.

La MK 5 se caractérisait par sa silhouette très tendue coupée au rasoir. Certains adorent, d'autres préfèrent la MK3 de 1969.



Mark V de 1978 

Après s'être fait évincer de Cadillac qu'il avait créée, en 1917 Henry Leland avait lancé sa propre marque baptisée Lincoln en hommage au président Abraham Lincoln pour qui il avait voté en 1861. Destinée à concurrencer Cadillac, Lincoln fut pendant longtemps la marque exclusive de la Maison Blanche. C'est dans une Lincoln que John Fitzgerald Kennedy trouva la mort.

Après avoir connu un bide au milieu des années 50 avec son coupé MK II, Ford décida de lui redonner la vie fin 1968 sous le sigle de MK III. La voiture qui s'étale sous votre regard médusé avoue presque 6 mètres de long vos yeux. Il s'agit d'une Mark V de 1978 dans sa livrée signée du bijoutier français Cartier avec sous le capot le plus gros moteur disponible au catalogue. C'est à dire le big bloc 460 ci ou si vous préférez en centimètres cube plus causants chez nous, un 7,5 l de 43 chevaux fiscaux qui mettent le prix de la vignette presque à celui d'un appartement !

Sur les 5,85 m de long, l'habitacle ne représente une petite partie. L'arrondi de la malle symbolise la roue de secours des précédentes Continental notamment la MK2 des fifties.



A quelle marque vous fait songer la calandre ?

En fait, la Continental allait chercher ses dessous chez la Ford Thunderbird avec une carrosserie spécifique agrémentée d'une calandre dont la ressemblance avec celle d'une Rolls ne serait pas un pur hasard. Avant de vous parler de boulons rondelles, on se pose la question. Qu'est ce qui peut motiver un passionné comme Christian qui est la discrétion fait homme à se pavaner dans cet interminable vaisseau qui détourne tous les passant médusés par son longiligne silhouette tendue et qui génère une pluie de questions dont la plus fréquente est " Combien ça consomme ? On vous le dit tout de suite. Beaucoup trop pour l'avouer et ne pas se fâcher avec ses relations écolo !

Calandre rappelant la Rolls-Royce. Sur les clignotants, le logo de la Continental (les 4 points d'une boussole) sont rappelés. Les phares escamotables sont commandés pneumatiquement



"Étant enfant, dans notre ville, il y avait encore pas mal de voitures américaines qui appartenaient aux soldats de bases US en France. Adolescent, j'ai visité une caserne américaine en Allemagne et je me souviens encore des gigantesques américaines alignées dans le parking. Pour moi, une voiture américaine doit être full-size. C'est à dire longue et large et mes préférées sont celles de mon adolescence des années 70. Pas avant et surtout pas après où elles ont rétréci. En plus j'adore les États-Unis" précise t-il en chargeant une cartouche 8 pistes de musique de country dans la grosse radiocassette de la planche de bord.

Impossible de caler les branches du volant à l'horizontale sur cette voiture. On remarque que la planche de bord est en vrai faux bois et en vrai faux chrome mais les sièges confortables sont en vrai cuir.





Razor Edge !

Christian aurait préféré une Cadillac Eldorado convertible de 1973 mais n'en trouvant pas en bon état aux USA, il s'est tourné vers cette Continental de 1978 très propre pas importée en France à l'époque et proposée à un prix raisonnable et surtout pas rouillée bien qu'elle ait roulé en Oregon. Un État qui heureusement ne sale pas les routes ! L'acier lui dit merci. A l'intérieur de la lignée des Conti, certains préfèrent la Mark III à la silhouette plus molle à la Mark V de 1977/79 qui se distingue par ses lignes très tendues à horizontale semblant coupées au rasoir baptisées Razor Edge.

La montre Cartier avec dateur équipait toutes les Continental MK V



Le jour de notre essai, la Continental étrennait une mécanique refaite qui a rajouté de la douceur aux huit pistons gros comme une barrique. À l'intérieur deux remarques : malgré les 5,85 m de long, il n'y a pas une place folle dans l'habitacle du moins en longueur. Il faut rappeler que c'est un coupé et que devant soi, se dessine la vision sur deux bons mètres de son immense capot avec en ligne de mire l'écusson Continental symbolisant une boussole, gimmick rappelé un peu partout sur la carrosserie. La voiture est si grande que pour en faire le tour on a envie de prendre son scooter !

Les petites glaces ovales "Opéra Windows" sont gravées au nom du bijoutier Cartier sur ce modèle.



Couple colossal

Deuxième remarque, on entend à peine le murmure du démesuré V8 de 7,5 litres de cylindrée. Victime des normes de pollution qui avait fait chuter drastiquement la puissance des américaines des années 70, il ne délivre plus que 208 chevaux du bout des lèvres contre 360 quelques années plus tôt. On roule sur le couple colossal et la boîte de vitesses automatique ne semble posséder qu'un unique rapport avec la 3eme tant il n'y a pas de besoin de rétrograder. Le confort se révèle surprenant autant au niveau des sièges tendus de cuir assez moelleux que de la suspension qui fait dans la mollesse malgré un essieu rigide à l'arrière mais toutefois sans se vautrer dans les virages.

La salle des machines accueille un énorme 7,5 l V8 qui délivre un couple colossal mais une puissance banale de 208 ch



Ne pas oublier l'immense porte à faux lorsqu'on manœuvre en ville



C'est le genre de voiture à ne pas trop secouer en montagne mais qui se montre étonnamment maniable en ville grâce à sa direction hyper-assistée et l'affabilité de sa conduite. Ça va vous étonner d'apprendre que le freinage qui a quand même 2,4 tonnes à arrêter en ordre de marche est efficace grâce à ses disques ventilés. Bref, à condition de la respecter, on prend un certain plaisir à se balader dans ce palace roulant qui sait accélérer fort lorsque le besoin s'en fait sentir. A l'intérieur, j'ai songé plusieurs fois à la conduite d'une Citroën CX.

Série spéciale Cartier

Publicité qui mettait en scène Givency, Bill Blass, Cartier et Emilio Pucci qui signaient les " Designers Séries "
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" La Continental Mark V était présentée en diverses séries spéciales baptisées "Designers Éditions", Givency, Bill Blass, Pucci et Cartier" explique Christian. "C'est une vraie Cartier qui se reconnaît à sa signature sur les fenestrons appelés "Opéra Windows" et sur le coffre, sa sellerie spécifique et sa montre Cartier qui équipait toutes les Continental. Elle dispose de quelques options comme les jantes en alliage léger et des teintes spécifiques". Christian nous révèle tous ses gadgets notamment tous les "buzzers " sonores ( ceintures, contact) qui équipaient alors les voiture US avant de reprendre son petit volant où il retrouve le même regard qu'il avait, enfant, lorsqu'il rêvait devant les énormes américaines des militaires US.

Publicité de 1977 qui vante la MK V
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Au volant de sa grosse américaine, Christian retrouve son regard d'enfant





 

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Mercredi 15 avril 2020

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