Les Essais de Patrice • Ford

Oserez-vous franchir Mach 1 en Ford Mustang ?

Patrice Vergès. Dévoilée en 1969, la Mach 1 (prononcez Mach Won) était une version plus sportive de la Mustang. POA essaie un millésime 1970 propulsé par un gros V8 de 5,7 l. Attachez votre ceinture et ouvrez grand vos oreilles !

Le son des huit pistons qui martèlent durement sous le capot traverse l'habitacle. Le dossier du siège me pousse méchamment dans le dos tandis que le capot se lève en masquant l'horizon. Déjà qu'on y voit pas grand chose dans une Mach1 ! J'ai dû essayer une petite dizaine de Mustang notamment des 289 dans ma carrière mais aucune à bloc V8 351 CI Cleveland (nom de l'usine dans l'Ohio où il était fabriqué) de génération plus récente à l'admission plus généreuse. Le massif 5,7 l envoie un son assez différent du 4,7 l. Des gargouillements plus profonds, plus épais, plus brutaux proches de ceux de la Mustang de Steve McQueen dans Bullitt. Rien que ce bruit de tonnerre peut justifier l'achat d'une telle voiture d'autant qu'il est lié à des accélérations musclées dans cette version 300 chevaux alimentée par un colossal carburateur quadruple corps. Conduite virile exigée.



En 1969, la Mustang avait été redessinée pour la 3eme fois depuis 1964 dans un style plus agressif que celui des précédentes. Chaque série a ses fans !

L'appellation fastback de la version deux volumes au toit en pente avait disparu au profit de " Spotswoof". Le millésime 1970 se reconnait à sa poupe guillochée



"Ma 20eme américaine"

Cette Mach 1 de couleur "amber gold" est la vingtième américaine de Franck qui nous avait dévoilé il y a un an sa Cadillac 1960. "C'est ma sixième Mustang qui succède à un fastback 1968. C'est un millésime 1970 achetée dans le Michigan via un transitaire qui a compté seulement deux propriétaire et ne totalise que 120 000 kilomètres d'origine ce qui est assez peu pour ce genre de voiture. Elle est dans un état assez étonnant pour ses presque 50 ans " raconte notre passionné sur fond sonore du grondement irrégulier des huit pistons qui ont repris un rythme plus tranquille mais toujours aussi sourd. En 1969, pour la 3eme fois depuis 1964, la Mustang fut redessinée en adoptant un style plus sportif au pavillon surbaissé assorti d'un avant plus agressif. Désormais baptisée Sportswoof, son arrière fuyant reprenait en plus écrasé le dessin de la précédente fastback 1968. Plus longue (4,76m), plus large, plus lourde, elle chaussait de nouvelles mécaniques plus puissantes s'articulant du 6 cylindres au gros et lourd 7 litres de plus de 400 chevaux dont la conduite était, parait-il encore plus folklorique, rarement parallèle à la route.



Une Mustang c'est le règne du faux bois et du chrome, skaï et d'une instrumentation assez banale de grande série

Le 351 Cleveland de 5,7 l de cylindrée dans son bleu Ford. 4 V sur le gros filtre à air signifie que c'est la version 300 ch à carburateur à 4 corps



La Mach 1, c'est pour les braves

Apparaissait aussi la version Mach 1 qui adoptait une suspension durcie liée à une présentation plus sportive : fausse prise d'air de capot peint en noir, retro obus, aileron de coffre, méga spoiler à l'avant comme la Boss 429, roues élargies, fausses fixations de capot (hood pins), bandes de décoration, etc. Bref, tout pour la frime.

Cette version qui connut un gros succès fut reconduite en 1970 qui se reconnaissait à sa nouvelle face avant désormais à simples phares encadrés de larges fausses prises d'air. Ce millésime était chaussé de jantes différentes imitant l'alliage léger, d'une poupe arrière style nid d'abeille et d'un nouvel agencement des bandes noires avec un dessin de bas de caisse différent du genre voyant. Un large choix de moteur était proposé parmi eux le nouveau V8 Cleveland 351 CI livré en deux puissances : 250 ch en carburateur double corps ou compressé à 11 à 1 en quadruple corps, délivrant 300 ch avec deux échappements plus directs. Au total, plus de 190 000 Mustang furent fabriquées cette année dont 40 900 Mach1. Notons que l'effet Mustang commençait à s'essouffler comparé aux 600 000 unités vendues en 1966.



La prise d'air fictive cache un rappel des clignotants coté conducteur. Sur la version 1970, les bandes noires de capot s'étaient réduites

La 1970 se reconnaissait aussi à ses peu discrètes bandes de bas de caisse gravées au nom de Mach1



C'est du brutal

Cette Mach1 est équipée d'une boîte automatique à 3 rapports qui fluidifie la brutalité du Cleveland débordant de testostérones. " Elle a la direction assistée et les freins à disque à l'avant et le pont autobloquant optionnels. Sa tenue de route est en net progrès comparée à la précédente 1968 avec une adhérence et un freinage supérieurs. Plus moderne, elle est plus agréable à conduire". Avec 300 chevaux, sa Mach 1 1970 déboulait à près de 225 km/h en avalant les 1000 m DA en 26 secondes. Avec son essieu arrière rigide à lames, sa direction à billes du genre floue, ses 1500 kilos, ses pneus étriqués de 14 pouces pour passer le couple du gros V8, une Mach 1, hier comme aujourd'hui, exige beaucoup d'humilité car elle se transforme vite en bête sauvage difficile à maîtriser si on a le pied trop lourd.

 

1974, le crépuscule des muscle-cars

En 1971, un restylage insipide affadira la Mustang dont les ventes chuteront à 125 000 exemplaires en 1972 pour s'éteindre définitivement fin 1973. C'était la fin des muscle-car tués par une nouvelle législation sur la pollution puis la crise de l'énergie de fin 1973 entraînant une augmentation du prix des carburants. En 1974, naîtra une version plus compacte particulièrement moche baptisée Mustang II propulsée par des moteurs moins puissant (un 4 cylindres) mais plus économique qui perdit la magie des anciennes. Le temps des muscle-cars né dix ans plus tôt était bel et bien fini !

En 2020, on n'achète plus une Mustang pour la vitesse ni encore moins pour sa consommation d'essence préoccupante mais pour sa ligne, son martellement sauvage, ses réactions brutales, pour ses excès, pour sa passion des USA, son aspect clinquant et en résumé plus pour ses défauts que ses qualités. C'est ce qui en fait tout son attrait. Amateur d'américaines, Franck qui possède aussi deux Cadillac dont une monumental 54, rêve d'une rarissime Cadillac. "The" Cadillac pour les aficionados : Une Biarritz 1958, véritable œuvre d'art sur 4 roues. Peut-être un jour sur POA ?



Faux bois, vrai plastique, faux chrome. C'est l'esprit des voitures US de ces années là ! La version 1970 avait perdu ses 4 phares au profit de fausses prises d'air latérales du plus bel effet





C'est la 20eme américaine de Franck et sa 6eme Mustang

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Lundi 17 février 2020

L’avis des Petits Observateurs

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