Souvenirs d'Autos • Peugeot

Souvenirs d'Auto (260) : les Taxis de la Marne de Lulu la Nantaise

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Notre ami « Nabu » réussit un tour de force. Il commence par un souvenir d’enfance et termine par une leçon d’histoire. Nabu, tu es le Jiminy Cricket de POA. Nabu tu es grand, Nabu tu es fort, Nabu je t’aime. Tout simplement.

 

Si mon enfance a été, comme pour beaucoup, jalonnée par les guimbardes griffées du sceau du Lion, d’aussi loin que mes souvenirs remontent, la première véritable Peugeot qui a côtoyé mon quotidien était une petite reine sur deux roues qui ne s’ébranlait qu’à la force du jarret.

Le lourd cartable retenu par un sandow tendu sur le porte-bagages, deux pinces à vélo se substituant aux bandes molletières pour éviter de saloper le falzar et accessoirement d’aller au tas en le coinçant dans la chaîne, mon instruction ne tenait qu’à un fil en équilibre précaire sur ce frêle allonge-gambette.

Et devant mes condisciples de CM1-CM2 qui débarquaient encore en bagnoles conduites par leurs vieux, je faisais le cabot devant la grille du bahut, crânement, comme un grand sur mon zinc.

Il était de type demi-course, muni d’un simple plateau trois vitesses, roue libre et dérailleur Simplex, enrubanné de guidoline sur le cintre et autour des cocottes et décoré de marquages à damier noir qui tranchaient sur son cadre blanc. Outre le râtelier à bagages, il était fâcheusement lesté de garde-boues en ferraille et d’un dispositif d’éclairage réglementaire qui s’enclenchait par dynamo.



La gapette du pro enfoncée sur le bourrichon, le cœur vaillant et l’esprit plein d’ambition, je me voyais déjà mettre du braquet aux côtés des cracks de l’équipe Peugeot-BP-Michelin qui flinguaient alors. Je vous cause d’un temps où les Pingeons, Merckx, Godefroot et autres Thévenet tenaient le haut du pavé. Ils étaient mes coqueluches que j’admirais suivre sur le petit écran, surtout quand ils allumaient la mèche en danseuse sous les commentaires de Chapatte Père ou à travers les reportages poignants d’Antoine Blondin dans l’Equipe.

Fort de tous ces rêves de môme, j’avais été jusqu’à pousser la lourde du vélo-club dont les entraînements étaient dirigés par Christian Rumeau. C’était avant qu’il ne rejoigne les équipes pros des géants de la route.

Mais qui dit cycle, dit aussi que la roue tourne. C’est ainsi que j’appris subséquemment que cette race Montbéliarde au damier noir et blanc ne s’était pas seulement frotté le boyau à rustines aux pentes du Mont Ventoux pendant les cagnards de juillet, que sa gloriole n’était pas aussi angélique que celle qui avait germé puis gambergé dans ma caboche de petit morveux.

Quinze berges plus tôt, les français s’enlisaient au Tonkin et les biclous bazardés aux niakoués allaient y prendre leur part. Ce sont près de vingt mille bécanes Peugeot sorties tout droit de la Manuf’ de Saint-Etienne, qui, sous le joug du Viêt-Minh, seront chargées raz la gueule par les coolies pour bagotter les pétoires et le rata à Hot-Pot aux troupes du tigre tapies dans la jungle le jour, pour mieux saper le moral du corps expéditionnaire de l’éléphant tricolore, la nuit.



Les gars de Bigeard chuteront dans la fatale cuvette de Diên Biên Phu.

Drôlerie de l’histoire, les bicycles Sochalo-Stéphanois feront écho à l’épisode glorieux des taxis de la Marne. Un écho comaque que les loufiats cafarderont jusque dans les bouclards de Cochinchine, de Biên Hòa à Saigon. Ces bicyclettes seront la fierté du Général Giap, héros national, stratège de la liberté et grand serviteur d’Hô Chi Minh, le père fondateur qui, une dizaine d’années plus tard, se prendra de béguin pour une… 404.



Nabucho-indochinosor.

Mes respects, Amiral.

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Faites comme Nabu le Magnifique (quel beau blaze) et racontez vos anecdotes au Commanche Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion et même de l’argemuche ! Oui, on peut rouscailler bigorne chez POA ! Et si possible, joignez à votre histoire des photos….

On adore ça chez POA !

Merci les potes.

 

 

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Vendredi 3 janvier 2020

L’avis des Petits Observateurs

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