Les Essais de Patrice • Jaguar

Jaguar Type E 4,2 l : L’envie d’une vie

 

Un pâle soleil de décembre peine à réchauffer l’atmosphère.  Accompagnés par  le sourd feulement des échappements, malgré le vent froid qui gifle nos fronts, nous roulons, capote abaissé, pour mieux jouir du plaisir de rouler en roadster Jaguar E 4,2 l.

Voir aussi : Vidéo Jaguar Type E 4,2L de 1966



Gérald a acquis son roadster Jaguar E il y a prés de 19 ans et a parcouru autour de 30 000 km à son (grand) volant

Il n’est pas besoin de dépasser les 1,85 m pour que le crane déborde largement  du pare-brise de la E. Si fin qu’il semble tenir en l’air comme par magie sur l’interminable capot dont le bossage l’occulte  en partie. Le vent  fouette le haut de nos visages.  Plus de 50 ans après sa naissance, la fantastique silhouette phallique de la Jaguar E séduit toujours et aimante encore les regards.   Il y a presque 20 ans que Gérald roule avec la voiture dont il rêvait enfant et crayonnait la longiligne silhouette de soucoupe volante sur ses cahiers d’écolier. Un jour de fin 1995, il a pu enfin se la payer. Il préférait un coupé mais à trouvé ce  roadster dans un état exceptionnel  vendu par Classic-Car, un spécialiste parisien de la Jaguar. S’il l’a payé au prix fort à l’époque, il ne l’a jamais regretté.



si l’on dépasse 1,80 m, le crane dépasse largement du pare-brise au dessin aérien

Pas l’ombre d’un problème en 19 ans !

« En 19 ans, j’ai du parcourir environ 30 000 km au rythme de quelques sorties annuelle avec des amis possesseurs d’autres cabriolets de la même époque. A part l’entretien courant et quelques pièces d’usure que j’achète en Angleterre, je n’ai rien fait. La voiture qui a 132 000 km au compteur, fonctionne parfaitement bien »





 Les impressionnantes sorties d’échappement  ressemblent à celles des motos des sixties

En effet, la conduite de cette Série 1  dont la première immatriculation française date de juillet 1966 révèle une voiture étonnamment saine ; sans rossignols ni bruits mécaniques. Ce cabriolet ne dodeline pas sur ses suspensions notamment son train arrière à roues indépendantes. L’interminable 6 cylindre en ligne de type HK de 4,2 l de cylindrée avoue sur les cadrans noyés dans la fascinante planche de bord, une pression d’huile rassurante et une température d’eau qui ne dépasse pas 90 degrés.



 L’immense mais magnifique  6 cylindres double arbre de 4,2l  de cylindrée alimenté par trois carburateurs SU

Il a même échappé aux défauts congénitaux de la E, à savoir la corrosion et une alimentation électrique pas toujours au courant de son job. Sa voiture soigneusement restaurée et bien révisée par ce professionnel, ne l’a  jamais laissé au bord de la route et n’affiche pas une pique de rouille. Notre propriétaire a seulement fait repeindre le capot qui est très coûteux et fragile vu sa forme qui ne demande qu’à s’encastrer dans les bornes qui sévissent aujourd’hui partout.

La boîte à 4 rapports synchronisés qui avait remplacé l’ancienne et peu agréable Moss est précise est douce, enfin presque douce, n’exagérons pas tout de même.  Le freinage amélioré sur ce modèle reste néanmoins loin des standards modernes et n’incite  guère à aller vite comme il y a 50 ans.



Le fin pare-brise était essuyé par trois essuie-glaces. Remarquez la tige coulissante du rétroviseur et la sellerie rouge de sièges dont le confort avait été amélioré par rapport à ceux des premières 3,8 l

Près de 240 km/h en 1961

 Au temps de sa splendeur, avec ses 265 ch SAE (autour de 200 ch Din) une  E déboulait à près 240 km/h, vitesse qui en faisait l’une des voitures les plus rapides au monde avec les Ferrari 250. Mais vendue 50 % moins chère que l’Italienne (38 000 francs 1961, soit environ 80/90 000 euros actuel),  l’Anglaise a connu un succès exceptionnel  qui explique que la version 6 cylindres (il y a eu des V12) ait été produite à 54 700 exemplaires dont 9548 roadsters comme celle de notre ami.



En 1968, les E ont perdu leur carénage de phares interdit aux USA

 On n’imagine pas la fascination que cette auto suscitait. Son permis juste en poche, Johnny Hallyday délaissa sa première TR3 lorsqu’il aperçut la Jag, comme on disait alors bien que la mode de réduire la longueur des mots n’existait pas encore. Ses délais de livraison devinrent si longs qu’à Coventry, on refusa d’en prêter une au producteur de la série  télé « Le Saint » qui se retourna vers Volvo. Voila pourquoi Simon Templar ou si vous préférez Roger Moore ne roula jamais en E. Partout,  notamment aux USA, elle devint la  voiture sportive de la jet-set.



Le dessin très élaboré des feux rouges

La voiture de sa vie

Les six gros pistons montrent une souplesse ahurissante  en reprenant dès 500 tours avant de s’envoler dans l’épais grondement lâché par les deux peu discrètes sorties d’échappements qui ressemblent à des pots de motos Norton des sixties. Gérald nous avoue qu’il ne la vendra jamais car c’est la voiture de sa vie qu’il conservera tant qu’il en goûtera du plaisir avant de la céder à ses enfants. Tout cela pour vous dire que la valeur qu’elle a atteint aujourd’hui  (environ 75 000 euros), il n’en a rien à cirer.  La température se fait plus froide et le soleil plus pâle, il est tant de rentrer la belle au garage où elle dort au chaud et au sec, protégée des frimas.

C’est étonnant comme la vision de ce bas cabriolet blanc peut fasciner les gens qui s’arrêtent pour l’admirer ou pour arrêter son conducteur.  Entre deux bouffées d‘air qui tournent joyeusement dans l’habitacle  dont il n’est pas plus facile de s’y glisser que de s’en extirper si la capote est relevée, Gérald m’explique « Quand j’arrive surtout près des gens d’un certain âge, je devine leurs paroles rien que sur le mouvement de leurs lèvres ; Tu as vu, c’est une Jaguar E ! »
 

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Dimanche 15 décembre 2019

L’avis des Petits Observateurs

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