Souvenirs d'Autos • Renault

Souvenir d'Autos (238) : Des passagers "very special"

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Le Petit Observateur Olivier, magnifique bagnolard, nous régale avec une magnifique histoire dont il a le secret !



Août 2017.

Je suis toujours VTC au volant de cet horrible Traffic Renault. Pour ne pas arranger les choses, les pneus arrières sont usés et se sont transformés en slicks. Ils font un bruit d’enfer. J’harcèle mon patron pour qu’il me les remplace. Hier, j’ai refusé de prendre la route. Devant ma détermination il m’a pris un rendez-vous demain chez le concessionnaire. Il était temps, les clients sont de plus en plus affolés, on s’entend à peine parler. GROOOOO !!!

Je n’ai surtout pas envie de partir en tonneau sur l’autoroute.

J’ai commencé ce matin à cinq heures et à vingt-trois heures j’accepte un dernier transfert, en sachant que demain je ne travaillerai pas, la voiture étant chez le garagiste.

Me voilà avec ma gueule enfarinée et mon petit panneau à la sortie du vol Easy Jet.

Une heure d’attente comme d’habitude avec cette satanée compagnie. Ils sortent enfin.

J’ai droit à des trentenaires, cinq jolies femmes et deux hommes. Ils sont bruyants et joyeux, déjà complétement ivres. Deux des nanas s’assoient à côté de moi.

GROOOOO !!!

- Mum ! Oliver, is this noise normal ? Every thing is ok ?

- Euh, yes Madam. Just a little problem with a strap.

- Ah...ok

Tu parles d’une courroie...

Ils me mettent la musique à fond, ils chantent, crient et débouchent des bouteilles de vin. J’entends même des bruits...bizarres.

Slurp ! Oh ! Une langue vient de me lécher mon oreille droite. Et je sens une main se poser sur ma jambe. La blonde assise à côté de moi est complètement paf et j’ai droit à une drague... audacieuse.

En arrivant à Cannes elle me proposera de sortir en boîte avec eux, mais je suis trop crevé... Quelle tristesse, moi qui adore les anglaises.

Je rentre, je me doute bien que l’arrière de la voiture est encombré d’objets improbables. Je la nettoierai demain après le changement de pneus.

Une heure du matin. Je me couche enfin....Zzzz...Zzzzz...

Ti tu ti tutu ti tu ti tutu...

Putain de téléphone !!! Qui ose me réveiller à six du matin ?? Mum... Mon abruti de patron.

Grrr !

Mon patron est empafé. Bah, je le savais depuis un petit moment.

En roulant il y a plein de bruits de trucs qui se baladent à l’intérieur de la voiture. Tant pis, je la nettoierai plus tard.

J’arrive à l’hôtel situé sur le bord de mer d’Antibes.

Je regarde le nom du client. Shadow ! Le nom d’une société certainement.

J’entre dans le hall de l’établissement. Deux types sont assis sur les sofas. Ils ont la quarantaine, musclés mais pas trop. Plutôt secs, affirmés, sereins. Une femme dirait que ce sont deux beaux mecs. Habillés sobrement. Ils ont l’allure de commandos marines. Mais pas seulement ! Je dirais qu’ils sont classes. Différents ! Un quelque chose qui sent les forces spéciales...anglaises. Des SAS ! Des James Bond. Oui c’est ça ! Des James Bond !

Je m’adresse à la réceptionniste.

- Bonjour, je viens chercher les clients au nom de Shadow.

- C’est ces deux messieurs !

Je m’adresse à eux en anglais, ils me répondent dans un français parfait. L’un des deux prend son téléphone et passe un coup de fil. Il m’informe qu’il faut attendre vingt minutes de plus. Bah, je suis dans les temps. J’aurai simplement eu besoin d’une greffe de cerveau pendant ce temps imparti. Au lieu d’aller mettre de l’ordre dans la voiture, me voilà assis sur le muret en train de faire une petite séance de bronzette.

Après vingt minutes ils s’approchent de moi.

- Elles arrivent, où est la voiture ?

- Ben là !

Je leur montre le Traffic Renault. Ils rigolent nerveusement à ce qu’il pense être une blague pas drôle, d’un débile de chauffeur.

- Ha ha ha... Bon ! Où êtes-vous garé ?

J’ai l’habitude. Ce demeuré qui me sert de patron a encore vendu la Renault pour un Mercedes classe V.

- Euh...ici, c’est votre voiture.

Ils se regardent l’un et l’autre interloqués.

- What are we doing ?

- We don’t have time anymore. It’s too late.

Mum. Ils ont failli ne pas prendre la voiture. Leurs femmes doivent être des casses-pieds.

- You sit on the passenger seat, I sit in the back on the second seat.

Punaise, elles doivent être tellement chiasses, qu’ils les laissent assises toutes seules sur les sièges du milieu. Pauvre gars. Ils ont toute ma sympathie. Les voilà d’ailleurs qu’elles arrivent. Elles sont nettement plus jeunes qu’eux. Ah les coquins. On s’encanaille avec des minettes sur la côte le temps d’un week-end.

Ah...mais je les connais. J’ai dû les avoir déjà comme clientes. Mais je ne me rappelle plus quand c’était. À moins que ce fût lorsque j’étais portier à l’hôtel d’Angleterre à Genève. Oui, c’est sûrement ça. Bon pas grave, le plus grand me fait signe de rester où je suis, il tient à ouvrir lui-même la porte.

BLING BADA BLING SKRATCH ! Oh non !!!! Une bouteille de vin vient juste de s’écraser aux pieds des deux nanas. Quelle honte !

Des vrais gentlemen ! Ils se regardent et restent stoïques. Quelle classe. Les deux jeunes femmes s’engouffrent dans la voiture. Shlakk ! Au passage, elles heurtent une canette de bière qui suit le même chemin que sa cousine, la bouteille de vin. Je commence à rougir sérieusement. Leur deux boyfriends ne bronchent pas. Quel self-control.

Ils entrent à leur tour dans ce satané van. Celui installé sur la banquette du fond exhibe discrètement un string féminin. Son ami assis à côté de moi le regarde et se tourne vers moi avec un regard dubitatif, puis l’air de rien met sa ceinture. Leurs deux copines n’ont rien vu. C’était ça les bruits bizarres hier soir. Les saligauds !

On roule et file sur l’autoroute, j’entends les deux femmes qui chuchotent...

- Yes...Megan...no ?

- Yes I’m sure....anyway....Megan Clarke...The Queen...

- Her father....

Je n’entends pratiquement rien, mais ces délicieuses britanniques parlent avec enthousiasme du Mariage princier qui va bientôt unir Le Prince Harry et Megan Clarke. Elles ont l’air fortement de l’apprécier. Tant mieux, elle est belle comme un cœur.

GROOOOO !!!!

- Mum, ce bruit est-il normal ?

- Oui, juste un problème de courroie.

- Oh ! Je comprends ! Elle a dû aller rendre visite à un des pneus avant...

Il téléphone. Comme le monde est petit, je comprends qu’il prévient la British Arways à l’aéroport de Nice de leur arrivée et qu’il parle à Marie, une amie qui y travaille. Je suis un peu déconcerté.

Nous arrivons. Marie nous attend avec un grand sourire. Puis elle fait la bise aux deux hommes, ainsi qu’à moi. Elle me présente.

- C’est Olivier, un ami de mon mari. Il est très gentil.

Un des deux baraqués me sourit gentiment.

- Lui ça va ! Mais sa compagnie, on va s’en occuper.

Glurp ! À mon avis, une sévère lettre de réclamation va atterrir sur le bureau de mon escroc de boss. Ils sont en revanche d’une exquise politesse envers moi.

Je les laisse, je file au garage. En chemin je reçois un appel de Christian, le mari de Marie.

- Hello Oliver ! Alors tu es toujours fan de l’Angleterre ?

- Ah ben oui ! Au fait, j’ai vu Marie à l’aéroport.

- Je sais elle vient de m’appeler. Et bien t’es complètement à l’ouest mon pauvre Oliver !

Tu n’as pas reconnu les deux princesse d’York qui étaient dans ta voiture!!!

- Noonnnn !

Merdasse de merdasse !!! Quelle honte ! Cette pitoyable Renault dans un état lamentable. Je me sens minable, malgré que la faute incombe en partie à mon crétin de patron.

Shadow ! C’est un nom de code comme Barbarac ou Strike pour réserver un hôtel lorsque l’on est un VIP.

Christian m’explique que ce sont deux gardes du corps qui accompagnaient les deux princesses. Marie les connaît tous les quatre depuis de nombreuses années, d’où la bise aux deux messieurs.

Évidemment en étant membre de la famille royale d’Angleterre, elles ont droit à la carte ultra-VIP de British Airways qui font de vous un privilégié. Carte délivrée à trois cent personnes dans le monde. La chef d’escale vous accueille lors de votre arrivée, vos billets sont prêts, tout est pris en charge, vous n’avez plus qu’à passer la douane et vous assoir dans l’avion.

Seule dissonance dans ce monde idéal ? Un Renault Traffic plus fait, pour transporter des tuyaux en zinc, que deux princesses britanniques.

Gasp !

 

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.

 

 

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Vendredi 2 août 2019

L’avis des Petits Observateurs

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