Les Essais de Patrice • Porsche

Porsche 718 Boxster 4, c'est mieux que 6 ?

 

Samuel Greco, ambassadeur de POA en Belgique, a essayé la Porsche 718 Boxster avec une question en tête : le 4 cylindres peut-il faire oublier le 6 cylindres ? Premiers éléments de réponse....

 


Wallonie, quelque part entre Namur et Charleroi, 08h00. Je passe et repasse devant le miroir, brosse à cheveux et rasoir en action, boutons de chemise alignés (ce n’est pas le cas tous les jours), foulard tendance, pull à mailles serrées cintré, crème de jour (pour homme !). C’est qu’il faut convaincre… C’est un peu comme se rendre chez le banquier ou l’avocat. Bref, un look de jeune premier qui, je l’espère du moins, ne sera pas sans rappeler celui de notre (toujours très) « jeune Premier » (Ministre).

Car, aujourd’hui, j’ai rendez-vous chez Porsche. Hélas, difficile pour la petite antenne belge de P.O.A de se faire (re)connaître par le service presse. Et, en outre, je dois bien l’avouer, j’espérais pouvoir « prendre en mains » une version « non-journalistique », comprenez par là une version « basique » ! Sur ce point, je ne serai pas déçu. Donc, pour faire des essais, rien ne vaut le coup du « mystery reporter ». Et en entrant chez Porsche il faut être crédible. J’ai donc emprunté l’Evoque de Madame. Le minimum syndical, me dis-je.

Petit café (c’est P.O.A tout de même !) offert par le « conseiller » dynamique (mais pas trop), jeune (mais pas trop), sympa (mais pas trop…) Brève présentation des options disponibles, rappel de la présence du contact à gauche (je suis néophyte, rappelez-vous)…

718

Me voilà parti pour deux heures de prise en mains. Deux heures ? C’est sans compter les deux fois vingt-cinq minutes de ligne droite très encombrée pour enfin accéder aux petites routes serpentantes de Balâtre et alentours. Le soleil se fait insistant et il illumine la belle et sobre robe de ma voiture d’essai. Comme s’il se souvenait que l’accalmie n’est souvent que fugace dans notre (presque) plat pays, il insiste et m’oblige à baisser le regard. Dans les rétros que j’ai oublié de régler, j’aperçois les hanches du 718 qui se dandinent joyeusement.

Comme je l’espérais, mon modèle d’essai est le 718 Boxster (sans S), sans pack Sport Chrono, sans échappement sport, sans pack tout cuir, sans… C’est là une rare occasion d’écouter ce que vaut ce nouveau Box… 718 Boxster (me serinait le vendeur, bien « drillé » par le marketing, il l’avouait lui-même). J’en viens donc au vif du sujet, à la polémique… En tant que novice Porsche, j’aurais pu avoir tendance à rejoindre Renaud lorsqu’il avait lâché un « on s’en fiche » au sujet du passage des six à quatre cylindres lors de la présentation du « nouveau » 718 sur le salon de Genève 2016.

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Pourtant, pour avoir eu l’occasion d’essayer brièvement un Boxster et son flat6 2.7 avec mon cher Bertrand, je peux, sans être un puriste, entendre une désespérante différence. Finies les envolées lyriques en fin de compte-tour, finie la joyeuse poussée au-delà des 4000 tours/min. Exit ce côté « Mr Hyde » qui faisait le charme du six à plat. Du moins dans cette version sans artifice mélodique. Un grondement sourd, très bas dans la gamme. En un repoudrage de mi-carrière, la « baby Porsche » est passée de baryton à basse. Une sacrée mue !

Difficile d’avaler cette couleuvre marketing du « c’est un son différent » ou encore « c’est un retour à l’Histoire Porsche ». Oui, Porsche a déjà conçu et utilisé des 4 cylindres. Oui, il y a nécessité d’abaisser les consommations, etc. Mais bon sang, pourquoi ne pas proposer ce flat4 comme une « entrée de gamme », et ainsi placer le ticket d’entrée juste sous la barre des 50.000€, et laisser le choix du flat6 (même suralimenté…) à ceux qui le souhaitent ? Il y a pourtant bien désormais un TFSI 4 pattes sous le capot du Macan, sans pour autant que le V6 « S » ne disparaisse... Etrange !

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Je critique peut-être à outrance. Vous n’avez pas tout à fait tort.

Donc, bien sûr, ce nouveau 718 reste et restera une vraie machine à plaisir, à la fois joueuse, efficace, équilibrée, bien finie (si l’on fait abstraction de ces nouveaux dessus d’aérateurs aux plastiques bas de gamme, une aberration sur un modèle à 54.000€ « de base » !), cohérente dans l’Histoire Porsche (on se souvient de la 968), etc. D’aucuns disent même que c’est un juste retour des choses et que cette « descente cylindrique » permet de clarifier davantage la hiérarchie. Le fameux flat6 à la légendaire 911, le roturier flat4 au petit 718. Logique, en somme, non ?

Las, comme je le disais, en tant qu’acheteur potentiel, difficile de se faire à l’idée. Je me le demande : pourquoi pas un TT-S (tant qu’à rester en 2.0 turbo) ? Pourquoi pas une M235i et son inamovible (tiens, tiens...) sissenligne ? Pourquoi pas une Mustang V8 et son souffle rocailleux pour papapafini ? A la rigueur, pourquoi pas un Z4 35i qui, quoique moins rigoureux et vieillissant, allie ligne de coupé au ras du sol et décapotable, plus exotique et moins onéreux … ?

Et pourtant, inlassablement, l’effet « petit garçon » de la célèbre pub revient… Complètement irrationnel. Je me sens malgré moi animé de pensées contradictoires. Telle une vague schizophrénique, la raison cède peu à peu du terrain… La ligne du 718 est intemporelle et reptilienne, son flat4 chante comme une GT86 sous assistance respiratoire, le rapport prix/équipements est purement indécent… Et pourtant. L’effet Porsche dans ce qu’il a de plus indescriptible.

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Comme l’on pouvait s’y attendre, le 718 est confortable comme une berline, pratique au quotidien, sportif et discret, sobre et extravagant, … C’est dans cet esprit que j’essayai le 718, une posture un peu différente : je cherche à savoir jusqu’à quel point il peut être utilisable au quotidien. Sur ce point, Porsche est indiscutablement LA référence. Je pense que c’est le seul petit coupé sportif (avec, peut-être, le TT-S) pour lequel je troquerais sans mal (de dos) une routière, pour mes 40.000 kilomètres annuels… Et rien que pour cela, je lui pardonne d’être devenu (un peu) moins passionnant.

Ah, à propos, je souhatais relever un petit détail du restylage dont la presse a peu parlé. Restylage que, j’en suis sûr, vous connaissez, chers Petits Observateurs, sur le bout des doigts. Porsche propose enfin cet incroyable Bleu Graphite, plein de nuances, et ces nouveaux intérieurs qui lui correspondent (surtout ce mix textile/cuir bleu et crème…) Cette teinte ultime, à la fois remarquable, sobre, nuancée, intemporelle, avec ce petit effet néo-rétro… Très Porsche en somme.

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Alors que je patiente au dernier rond-point avant de rendre les clés du joujou, je m’interroge : que retenir de cette brève prise en mains ? Sans doute faudrait-il non moins d’une journée pour un véritable essai, cette fois avec le 718 Cayman (selon moi une vraie réussite esthétique) avec pack chrono et échappement sport. Histoire d’entendre si ce nouveau flat4 peut chanter sans sourdine.

Enfin, en rentrant chez moi, je me dis que le temps fera inéluctablement son œuvre… Et que ce nouveau flat4 turbo ne sera plus qu’un marqueur de plus dans l’histoire du magicien de Stuttgart. Un marqueur parmi tant d’autres d’un temps où l’efficience et les normes imposées comptent décidément plus que le simple plaisir de nos oreilles...

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Mercredi 1 juin 2016

L’avis des Petits Observateurs

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