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"Car of the Year" (COTY 2016) : quels enjeux pour les constructeurs ?

Par Floriane Brisabois. Et la gagnante est….Patience, on le saura lundi 29 février après-midi à 15h lorsque l’annonce sera faite en direct du salon de l’automobile de Genève. Quelques indications d’ici là pour mieux comprendre ce prix.

2016-European-Car-of-the-Year

Un prix qui le vaut bien

L’élection de la « Car of the Year » (COTY) (ou, en français, « Voiture de l’année » (VDLA)) est une élection importante dans le monde automobile car même si le prix COTY ne changera pas la carrière commerciale d’une voiture de niche, comme par exemple la Nissan Leaf, il donnera tout de même un sacré coup de projecteur sur l’heureuse élue et, a priori, un coup d‘accélérateur sur ses ventes. Ce prix qui sert finalement de caution pour le modèle élu, est aujourd’hui largement exploité par les marques dans leur communication. Le vainqueur lancera certainement une campagne de publicité, partagera largement l’information auprès des médias et sur les réseaux sociaux, mettra en avant le titre sur tous ses sites web, ses mailings et bien évidemment dans tous ses points de ventes. Le constructeur primé pourra aussi compter sur les retombées médiatiques inhérentes, notamment grâce aux 58 journalistes européens membres du jury.

Les constructeurs sortent le grand jeu

Les constructeurs se mobilisent durant plusieurs mois pour obtenir ce graal, multipliant les opérations de séduction auprès des journalistes « élus » : présentation de leur modèle en avant-première, essais dans les meilleures conditions des versions les plus avantageuses (Quel groupe motopropulseur est le plus flatteur ? Faut-il présenter la version avec toit panoramique au risque d’avoir des bruits aérodynamiques ? Jantes de 19’ pour le style ou de 17’ pour le confort ?…autant de questions auxquelles les équipes projet devront se confronter avant de sélectionner la meilleure version), prêt du véhicule pendant plusieurs jours, parfois même dévoilement de la gamme complète du modèle durant sa vie série (l’arrivée de nouvelles silhouettes, des évolutions d’équipements, ou le lancement de nouvelles motorisations notamment non thermiques pourraient peut-être faire pencher la balance – il faut tenter le tout pour le tout !), et, incontournable, des rencontres avec les grands patrons, directeurs de projet ou de l’innovation, prêts à en découdre à la moindre critique. Après 5 ans passés en moyenne sur le développement de leur voiture et les milliers d’emplois dans la balance, l’enjeu est important.

Pourquoi un prix tant convoité ?

Quand on compare le prix COTY à d’autres prix, on peut comprendre une telle mobilisation des constructeurs :



  • Les constructeurs ne paient pas pour participer et toutes les voitures sont éligibles à partir du moment où elles ont été commercialisées au cours des 12 derniers mois dans au moins 5 pays européens et que leur volume de production est suffisamment conséquent (ce qui élimine des modèles trop exotiques tels que des Audi R8, Ferrari 488…). Cette année, 35 modèles étaient éligibles et, comme chaque année, à la suite de leur essai et d’un 1er vote, le jury n’en a gardé que 7.


  • La shortlist 2016 se compose de : l’Audi A4, la BMW Série 7, la Jaguar XE, la Mazda MX-5, l’Opel Astra, la Skoda Superb et la Volvo XC90.




Audi A4
Audi A4



Volvo XC90
Volvo XC90



 



  • Décerné par des professionnels de l’automobile, le prix est une vraie reconnaissance du travail réalisé ce qui est important pour récompenser les équipes en interne mais surtout pour convaincre le grand public. Le jury est, en effet, composé uniquement de journalistes automobiles confirmés, représentant dans l’ensemble la plupart des titres les plus influents de la presse européenne. Le nombre de journalistes par pays est déterminé proportionnellement à la taille de son marché et à l’importance de son industrie automobile. La France, l’Allemagne, l’Italie la Grande-Bretagne et l’Espagne ont ainsi chacun 6 journalistes. Pour les autres pays, on compte moins de journalistes. Dans cette élection, le public n’est pas invité à voter car il s’agit bien d’élire « la meilleure » voiture, un objet dynamique où la synthèse produit ne peut se deviner d’un coup d’œil et où l’essai routier est essentiel.




BMW Série 7
BMW Série 7



 



  • Le prix est européen par conséquent, sa notoriété et son exploitation le sont également. Les 58 journalistes représentent 22 pays « européens », avec la Russie et la Turquie (un jury cosmopolite mais, notons tout de même, pas égalitaire puisqu’on ne compte que 2 femmes, une journaliste allemande et une journaliste italienne). Après 53 années d’existence, le prix bénéficie d’une légitimité et d’une certaine notoriété auprès du grand public européen, un réel atout pour le constructeur gagnant.




Jaguar XE
Jaguar XE



Des écueils ?

Pas toujours évident de trouver un consensus entre des pays de culture différentes et, parfois, on peut même être tenté en lisant le détail des votes de se dire que certains journalistes pourraient avoir tendance à voter pour « leurs constructeurs ». Ah, les allemands et le lobbying de l’industrie allemande - mais, de ce côté-là, on observera peut être cette année une inversion de tendance suite au scandale VAG...Inversement, on ne pourra pas reprocher aux journalistes français de faire du favoritisme quand Renault qui a sorti 3 modèles cette année (Espace, Kadjar, Talisman) n’en a aucun dans la shorlist.

Mazda MX5
Mazda MX5



Y a-t-il alors des journalistes achetés ? L’univers concurrentiel dans lequel baignent les constructeurs est tel que certains y ont certainement déjà songé. De là à passer à l’acte...Reste que le jury COTY, aussi choyé par les uns que par les autres, organise ses propres tests à Tannis au Danemark ou encore à Mortefontaine en France pour comparer les modèles entre eux et ainsi conserver un minimum son indépendance à laquelle certains membres du jury sont viscéralement attachés. Même si les constructeurs sont invités et que ce sont eux qui prêtent les voitures.

Skoda Superb
Skoda Superb



Dernier point : pour quelle voiture voter ? Pour celle qui peut représenter le meilleur rapport qualité/prix pour les consommateurs européens ? Pour celle qui aura la technologie la plus avancée au risque d’être faiblement accessible ? Pas de réelle directive donnée en ce sens aux membres du jury du COTY même si les critères de la technologie innovante et du meilleur rapport qualité/prix figurent bien dans leur grille de vote. Depuis les élections de la Nissan Leaf en 2011 puis de l’Opel Ampera/Chevrolet Volt en 2012, les membres du jury ont élu la Volkswagen Golf VII en 2013, la Peugeot 308 en 2014 (devant la BMW I3 et la Tesla Model S) et la Volkswagen Passat en 2015.

Que se passera-t-il cette année où aucun modèle dans la shortlist n’a un mode de propulsion en rupture et où certains sont loin d’être à la portée du plus grand nombre ?

Affaire à suivre lundi à 15h.                        www.caroftheyear.org

à lire également l'histoire de l'élection de la voiture de l'année par Patrice Vergès en 5 épisodes

Opel Astra
Opel Astra



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Lundi 29 février 2016

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