Souvenir d'Auto (64) : La Torpedo de ma Grand-Mère

Par Thibaut Chatel. Cette fois, c’est un souvenir d’auto de ma grand-mère que je vous raconte. Noémi Lepelletier (sans « e », elle y tenait beaucoup) était née à Carentan dans la Manche, le 4 juillet 1892…

Ça veut dire qu’au cours de sa longue vie (elle est partie à 96 ans) elle a tout vu arriver : l’électricité, l’automobile, les avions, la sécurité sociale, l’Homme sur la Lune… et aussi deux guerres mondiales.



D’ailleurs, plus rien ne l’étonnait. Quelque temps avant sa mort, elle a eu la bonne idée d’écrire ses souvenirs d’enfance. Et j’ai retrouvé un extrait particulièrement cocasse. Le voici :

Un jour, vers 1904, mon père revint de Suisse avec une Torpédo, une « Turicum ». Elle avait huit changements de vitesse et une chaîne pour entraîner les roues. La chaîne sautait souvent, alors c’était la panne, environ tous les dix kilomètres. Mon père avait mobilisé un « machiniste » qui se plaçait sous la voiture et qui après forces jurons replaçait la chaîne au bon endroit.  Nous, en attendant, nous jouions à la marelle sur la route.  Ensuite, on repartait, la voiture prenait de la vitesse et mon père très concentré nous disait souvent : « Mes enfants, ne me parlez pas, nous faisons du quarante à l’heure !! ».

Ma chère Mamie, tu étais une femme merveilleuse qui avait une solution à tout. Et j’aimais quand tu disais : « Les petits ennuis vous préservent des grands ennuis ».

Tu me manques beaucoup.



Petit Bonus :

Mon arrière grand-père, Théodore Lepelletier, était parti de Carentan en train pour Zurich chercher la fameuse Turicum, avec son « machiniste » (c’est ainsi qu’il appelait son mécanicien).

Et il était, après une rapide formation à la conduite automobile, revenu en Normandie par la route ! Peu avant son arrivée, il s’était débrouillé pour que ça se sache (comment ? je l’ignore). Mais en tout cas, quand il est arrivé sur la Grand Place de Carentan, en 1904, la foule était en liesse ! Quel événement.



Je m’appelle Thibaut, je suis né en 1959. Il se trouve que j’ai toujours adoré les automobiles… Pourquoi ? Sans doute parce que j’aime l’idée de liberté. On monte dans sa voiture, on démarre, on s’en va ailleurs. Là où il fait beau, au bord de la mer, à la campagne… peu importe. Parfois, je repense à des histoires d’enfance, d’adolescence, de jeunesse et j’ai décidé de les livrer à P.O.A.