Les Petites News

Faites moi rêver en électrique

J'ai été contacté pour être expert sur le forum Michelin Challenge Bibendum* consacré à la mobilité. Séduit que P.O.A soit sollicité, j'ai pondu ma première contribution sur le thème : faites moi rêver en électrique,...

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… papier que vous pouvez retrouver en anglais sur le lien : http://michelin-challenge-bibendum.hosted.jivesoftware.com/thread/1597 et dont voici la version française (photo du haut : La "Zoop" électrique de Courrèges.)

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Faites moi rêver en électrique

J’en ai assez ! Assez des experts qui parlent à tout va de voitures électriques sans jamais en avoir conduit une, ou si peu. Que nous répètent-ils à longueur d’intervention ? Que l’autonomie est un frein majeur, qu’il n’y a pas assez de bornes de recharges et que le marché ne peut pas se généraliser. Merci du conseil, l’analyse tient donc en trois phrases. Peut-on essayer d’aborder la question sous l’angle d’un utilisateur. Je parle ici en tant que conducteur quotidien d’une voiture électrique, une mia electric achetée d'occasion en janvier 2013. Je précise que je vis dans le centre de Paris, je dispose d’un parking avec une prise de courant normal et je possède aussi une voiture thermique. Pour moi cela ne s'oppose pas, cela se complète.

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 Qu’ai-je donc appris depuis un an ? La première est que l’acheteur d’une voiture électrique n’est pas l’acheteur de voiture lambda. Consciemment ou non, c’est un militant, un engagé qui effectue une démarche particulière. Quelles que soient ses raisons d’achat(citoyenne/écologique/économiques), il veut sortir du lot. C’est un héros qui a besoin d’être traité comme tel. Le discours généraliste automobile n’a donc aucun pouvoir sur lui.

 Deuxième constat : les premières semaines d’utilisation d’une voiture électrique demandent un temps d’adaptation. Etant journaliste automobile, connaissant le sujet, je me suis malgré tout surpris à me poser des questions angoissantes. Est-ce-que je peux prendre l’autoroute à 110 km/h? Est ce que je peux aller à Roissy (33km aller), laisser ma voiture trois jours au parking, et revenir chez moi (33 km), soit 66 km au total. Je savais que c’était possible en théorie (l’autonomie annoncée de la mia est de 120 km), mais tant que je ne l’avais pas expérimenté par moi-même, le doute était présent. J’ai depuis constaté qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir. Mais si j’avais des appréhensions en tant que spécialiste sur informé, un prospect normal doit en avoir encore plus. Voilà pourquoi il faut lui tenir la main les premières semaines, le dorloter, le suivre personnellement, quitte a mettre en place un service spécial, une hotline, que sais-je ? L’important est de le rassurer et de le traiter comme un client important.

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 Parlons des sujets qui fâchent, l’autonomie tout d’abord. En un an d’utilisation à Paris et banlieue, je n’ai jamais effectué plus de 70 km par jour. Dis autrement, je ne suis jamais arrivé à faire descendre l’autonomie de la batterie en dessous de 20%. Pourtant il m’est arrivé de rouler pied au plancher (110 km/h sur l’autoroute) pendant 50 km, avec les phares, les essuies glaces, la radio et le chauffage. Rien n’y fait. En rechargeant tous les soirs ( 4 h de charges sur la mia elctric), l’autonomie n’a jamais été un problème. Une fois, j’ai eu un doute. Un jour sous la pluie, dans le froid, j’ai raté une sortie et j’ai craint de manquer de batterie. J’ai fait 80 km au lieu de 66 et il me restait à l’arrivée 20%, soit 20 km.

 L’autonomie n’est donc pas un problème à l’usage quand l’on connaît à l’avance les types de parcours que l’on va effectuer régulièrement . C’est souvent le cas des utilisateurs de voitures électriques. Leurs profils sont plus souvent des ruraux que des urbains. En cela le cliché de la voiture électrique réservée à la ville ne tient pas. En province, on connaît son kilométrage moyen pour aller faire les courses, amener les enfants à l’école ou aller dîner chez des amis . Il dépasse rarement les 50 km journaliers. Je l’ai constaté en interviewant de nombreux utilisateurs comme moi.

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 Parlons maintenant des bornes de recharges dont il faudrait soi-disant couvrir le territoire pour assurer l’expansion de la mobilité électrique. Il me semble que c’est un faux débat. Il est prouvé statistiquement que la majorité des acheteurs ont une prise accessible à leur domicile. Au mieux, ils souhaitent en disposer d’une sur leurs lieux de travail. C’est logique, sachant qu’en moyenne un conducteur effectue moins de 50 km par jour pour se rendre au boulot. Recharger chez lui ou au bureau est suffisant. Il va de soi qu’il est rassurant de savoir que l’on peut recharger sur des bornes publiques. C’est mon cas. Il n’est arrivé plusieurs fois de recharger ma voiture sur des bornes autolib en sortant le soir. Mais il s’agissait d’un acte de confort. Même si demain on place des bornes de recharges dans toutes les stations essence, qui serait prêt à attendre 4h à l’aller et 4 h au retour chaque week-end dans une station pour se rendre en Normandie (200km) ? Personne. C’est une évidence, en l’état actuel  des batteries, la voiture électrique ne peut pas concurrencer une auto thermique sur les longues distances.

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Parlons plaisir maintenant. J’aime conduire. C’est toujours un moment de détente qui me permet de me retrouver au calme pour faire le point. Avant de posséder la mia electric, j’avais perdu l’habitude d’utiliser ma voiture en ville. Les encombrements, l’impossibilité de se garer et le stress des autres conducteurs me faisaient préférer les transports publics. Depuis que je roule en voiture électrique, j’ai redécouvert la courtoisie des passants. L’agressivité ou l’indifférence des autres conducteurs se transforme en sympathie sur votre passage. Certe le physique sympa de la mia y est pour beaucoup et le fait qu’elle soit identifiée naturellement comme un auto verte, inclassable socialement, modifie le rapport des autres à votre égard. Je conduis plus cool et utilise de nouveau la voiture en ville, le soir notamment ou le week-end pour faire des courses en famille. Cela ne m’empêche pas de prendre le métro, utiliser un velib ou choisir un taxi,

Ce n’est donc ni le silence, ni les accélérations de la voiture électrique qui changent la vie, mais le fait qu’elle soit bien vue dans les rues de Paris. J’en reviens à l’idée du héros. A son volant vous vous dites que vous êtes un type bien, soucieux des autres et du monde qui vous entoure. Cela fait du bien.

La voiture électrique est pour le moment réservé à un public limité, c’est une évidence. Mais ce public existe, il est loin d’être négligeable et il ne cesse de croître. Les constructeurs de voitures électriques n’ont pas encore trouvé comment aborder intelligemment ce marché, Tesla mise à part (mais il s’agit des codes du luxe, c’est une autre stratégie).

Cessons de comparer la voiture électrique à la voiture thermique et bâtissons une communauté de pionniers qui deviendront des portes paroles. Un beau défi marketing à relever. Question ? Les constructeurs en ont-ils envie ?

Le prochain Michelin Challenge Bibendum (MCB) se déroulera à Chengdu en Chine en Novembre 2014 et initie une démarche collaborative avec la mise en place d'une communauté en ligne sur les thématiques de la mobilité durable dès ce mois-ci. L'un des objectifs de cette communauté est de lancer des débats afin d'obtenir des recommandations précises sur les 6 thèmes suivants : Clean Mobility, Safe Mobility, Connected Mobility, Urban Mobility, Mobility & Society et Mobility in China.

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Vendredi 24 janvier 2014

L’avis des Petits Observateurs

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