Les Petites News • Rolls Royce

Au-delà du luxe automobile

Le sur-mesure automobile a toujours eu ses adeptes. Collectionneurs, esthètes ou simplement passionnés, ils sont une poignée de doux dingues pour qui le grand luxe automobile ne suffit pas à leurs fantasmes. par Renaud Roubaudi






Jonathan Stanley est un homme discret aux allures de banquier de la City. Costume sombre a rayures, la mine impassible, on l’imagine sans peine chuchoter à l’oreille des puissants quelques conseils d’achats opportuns en ces temps de crises. Pourtant, c’est à lui que les puissants chuchotent à l’oreille. Ni délit d’initié, ni faveur, juste des demandes très particulières. L’homme est en charge du département « Bespoke », le sur-mesure chez Rolls-Royce, qui réunit 14 personnes à temps plein. Poser une question à Jonathan Stanley revient à évoquer le secret bancaire avec un Suisse. Par définition, les lubies de ses clients sont classées confidentielles. Tout juste consent-il à évoquer la tendance de ces dernières années : « Il y a vingt ans, il n’était pas rare de recevoir des demandes pour une peinture à l’or fin, ou un rose fuchsia assortie à la robe d’une cliente. Aujourd’hui, comme techniquement presque tout est possible, le bluff a laissé place aux attentions particulières ». 


Au-delà du bar réfrigéré à l’écran plasma en passant par le blindage, somme toute très commun, c’est le détail que l’on ne voit pas qui fait la différence. Ainsi un acheteur de Rolls Phantom a fait changer toutes les boiseries intérieures par un bois de saule pleureur provenant de sa propriété et qui habille également son yacht et ces sept autres voitures. Un Brésilien a exigé un humidificateur de la taille de ces cigares préférés dans l’accoudoir, tandis qu’un Japonais a voulu expressément revoir le diamètre des portes-gobelets pour accueillir sa canette d’eau gazeuse plus étroite que les standards. Mieux encore, un industriel Russe a modifié la fameuse mascotte de calandre, la Spirit of Ecstasy, pour qu’elle soit amovible pour pouvoir la poser sur son bureau pendant qu’il travaille ! Cela n’a l’air de rien, mais fabriqué à l’unité, certaines de ces réalisations peuvent prendre entre six mois et un an. 






Pour Jonathan Stanley, cela fait clairement partie du plaisir. « C’est l’occasion de multiples rencontres avec le designer spécifiquement en charge du projet. Nos clients aiment suivre et comprendre les étapes du processus de création. Il se noue alors une relation particulière et, au final, ils savent qu’ils possèdent une voiture vraiment faite pour eux seuls ». Dernier aménagement en date, arrachée à notre homme sous le saut de la confidence, un mot d’amour gravé sur une plaque secrète qui bascule dans la boîte à gant, destiné à une dame qui s’est vue offrir sa Phantom en guise de demande en mariage. 



Même son de cloche chez les grands noms de l’automobile qui se veulent tout aussi discrets. Si les commandes spéciales de Ferrari par le Sultan du Brunéi restent fréquentes, mais top secret par contrat, le détail semble désormais l’emporter sur l’extravagance. À l’image des sièges bébés que David Beckham a recouverts du même cuir que sa Bentley, avant d’y broder les initiales de ses enfants. Dans ce cas particulier, la Star a accepté (souhaité ?) que les prototypes soient exposés chez Bentley comme preuve d’amour à ses rejetons. Mais le must en matière de personnalisation est le carrossage à la demande, comme dans les années 30 où il était courant de se faire dessiner sa voiture. Le principe est simple : à partir d’un châssis et d’une motorisation existante, vous faites dessiner votre carrosserie selon vos gouts. 



Ferrari P4/P5

Il y a quelques années, deux millionnaires Américains ont passé commande de modèle unique auprès de Pinifarina, l’un d’une Ferrari P4/5 s’inspirant de la version course P4 de 1966, l’autre d’une Rolls-Royce Hyperion dérivée de la Phantom cabriolet. Faits rares dans ce genre de démarche, l’un et l’autre ont accepté d’exposer leurs voitures au célèbre concours d’élégance de Pebble Beach en Californie. La Ferrari P4/5 était une demande du collectionneur James M.Glickenhaus, un producteur à succès, qui a suivi un à un tous les dessins de son bébé. Sa voiture reprenait les dessous de l’Enzo, mais s’offrait une carrosserie exclusive en carbone et 200 modifications ad hoc. Le résultat a fait sensation auprès des médias, au point de voler la vedette à la nouvelle Ferrari de l’époque la 599 GTB. Bien qu’initialement le projet a été mené avec l’accord de Ferrari, la publicité faite autour du projet par Pininfarina a amené les dirigeants du Cavalino à revoir leurs positions. Plus question de laisser le contrôle d’un modèle badgé Ferrari à qui que ce soit d’autre que la maison mère. 



Rolls Royce Hyperion

Visiblement, chez Rolls on n’a pas eu ces états d’âme. Pour l’Hyperion (nom d’une divinité géante de la mythologie grecque), les places arrière du cabriolet ont été amputé pour accueillir les fusils de chasse de son propriétaire dans un coffret spécial, tandis que le pare-brise a été repoussé pour allonger la ligne du capot, façon bolide de Tex Avery. L’avant et l’arrière ont été remodelés et, curiosité invisible du profane, les portières ont été réalisées en bois peint. Si le résultat final est « particulier », il a eu le mérite de renouer avec la carrosserie de la belle époque. Impressionnées par ce type de demande, certaines grandes marques comme Bugatti ou Mercedes réfléchissent à l’opportunité de monter des départements consacrés à la réalisation de carrosserie sur mesure pour quelques rares privilégiés. L’histoire est en effet un éternel recommencement.





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