Les Petites News • Aston Martin

Une semaine au volant de l'Aston Martin Rapide

Aston Martin m'a confié sa Rapide pour une semaine. Récit de la vrai vie au volant de l'Aston Martin Rapide en famille entre Paris et la Normandie.



Aston Martin vient de me donner son feu vert pour le prêt d’une Rapide pendant une semaine et, au lieu de savourer ce privilège de journaliste, je suis préoccupé. Je me demande tout bêtement où la garer ? 

Impossible de la laisser dans la rue en plein Paris et l’étroitesse des parkings souterrains peut vite transformer l’expérience en cauchemar. Il faut préciser que la Rapide est une berline à 4 portes qui dépasse les 5 mètres de long et les 2  mètres de large, sans aucune protection de carrosserie. Manœuvrer cette sculpture roulante dans une ruelle s’apparente au pilotage d’un supertanker dans un port de pêche. Après enquête minutieuse sur la topographie des parkings parisiens, j’opte pour le Garage Rédélé, place de Clichy dans le 18e. 



Ce bâtiment de 5 étages à l’architecture années 30 est l’un des derniers refuges pour l’automobile dans la capitale. Les rampes d’accès y sont aussi larges qu’un highway américain, les places peuvent abriter des péniches et le service y est digne d’un Palace. Pour 23 euros la nuit, on vous accueille en blouse blanche et l’on vous délivre un ticket manuellement avec le sourire en prime. Si vous trouvez mieux à Paris, merci d’envoyer les coordonnées à la rédaction qui fera suivre. 

Me voilà donc lundi matin à 9 heures devant la concession Aston Martin dans le 15e pour récupérer la Rapide. La remise du petit boitier en cristal qui sert de clé s’est faite sans cérémonial particulier. Deux trois conseils sur la boite automatique  et hop, me voilà dans la rue au volant d’un engin doté d’un V12 de 477 ch, capable de croiser à 300km/h. Moi qui m’attendais à recevoir une autorisation spéciale de pilotage, façon licence de tuer, je suis un peu déçu. Après tout, c’est la voiture de James Bond. Mais posséder l’arme secrète de 007 ne m’empêche pas d’éviter la fureur du trafic matinal. 



Coincé dans les encombrements de l’avenue de la Tour Maubourg, je me sens comme un rat de laboratoire que l’on observe. Dieu merci, le regard des Parisiens, généralement morose en début de semaine, est plutôt bienveillant. Quelques photos volées aux portables, sourires en coin, pouces levés, c’est assez réconfortant. 

À la différence de l’exotisme flamboyant d’une Ferrari ou du statut très convenu d’une Porsche, l’image Aston Martin n’entretient pas la lutte des classes. Confidentielle sur nos routes (18 ventes en 2010), la Rapide est une voiture de connaisseur, nullement agressive, qui s’impose par sa beauté naturelle. 

N’ayant pas encore les dimensions dans l’œil, je reste très concentré au volant et j’arrive soulagé au Parking Place Clichy après une heure de trafic intense. Non pas que la Rapide soit difficile à conduire, elle évolue sans broncher à 30 à l’heure, mais sa puissance et sa masse imposent une certaine vigilance. Imaginez un premier dîner avec la future femme de votre vie où vous devez faire attention à tout. Grisant, mais un rien stressant.



Le lendemain, j’ai rendez-vous avec mon fils. Tristan, 16 ans, est l’adolescent typique de son époque. Biberonné à internet et à la PlayStation, il ne jure que par les copains et les filles. Il adore les marques, la mode et se fiche de l’automobile. C’est la fameuse No car génération. De par mon métier, je lui ai fait découvrir tout ce qui roule, sans jamais l’impressionner. Je suis donc perplexe sur sa réaction et à ma grande surprise, la Rapide le bluffe littéralement. « Trop stylée, trop classe trop ouf, c’est de la bombe Papa… ». 

Jamais je ne l’ai vu aussi enthousiaste. Sa réaction est d’autant plus intéressante, qu’il ne connaît rien à l’histoire d’Aston ou à la technique. C’est la beauté et l’image de marque qui l’emballe, mais avec une différence de taille pour le quadragénaire que je suis. Lors de la ballade, il ne compare pas la Rapide à la voiture de James Bond, mais à Fifty Cent, un rappeur américain qui représente à ses yeux la réussite et surtout, la « coolitude ». Les temps changent.



Heureux d’avoir fait plaisir à mon fils, je commence à être plus en confiance lors de mes déplacements en ville. J’oublie peu peu ce que représente la Rapide pour me concentrer sur les sensations. Le mercredi soir, je décide de partir rouler seul du côté des petites routes de Rambouillet. À rythme soutenu, c’est véritablement une voiture très physique, un étalon qui ne demande qu’à être cravaché, mais aussi tenu. Ici, vous êtes en prise directe avec la route. Tout est précis, net, tranchant. 

D’une certaine façon, la Rapide est encore un objet mécanique, alors que la plupart des sportives d’aujourd’hui sont devenues des « autos numériques ». Le week-end, je dois emmener ma petite fille de six mois et ma femme en Normandie. Le test ultime de la familiale pour une Aston, c’est assez cocasse, mais après tout c’est bien la promesse de la Rapide. La première sportive 4 places/4 portes pour un usage quotidien. Au prix de quelques contorsions, j’arrive à installer le Maxicosi sur le siège arrière et à caser la poussette dans le coffre qui dispose d’un hayon, comme un Monospace ! 




Je me rends compte alors que le logo a disparu, enlevé par un fan. Ce sera le seul geste déplacé de la semaine, mais comme le souligne ma femme « c’est assez bohème une Aston sans signe d’appartenance ». Son sens pratique lui fera aussi noter qu’à 190 000 € il n’y a aucun espace de rangement pour son grand sac à main. Messieurs les ingénieurs d’Aston Martin encore un effort. Nous casons les trois sacs souples sur le siège libre à l’arrière et nous voilà sur l’A13 Autant dire une formalité pour ce TGV de la route qui se révèle ferme mais confortable. En passant devant une cabine radar, j’observe le compteur gradué jusqu’à 330 km/h et la consommation moyenne qui indique 23l/100. Je m’interroge alors sur la raison d’être de cette voiture en 2011. Ce n’est plus la puissance, la vitesse ou le statut social, c’est d’abord la certitude de posséder un objet authentique et, pourquoi ne pas le dire, une œuvre d’art roulante, une machine à sensation. Le luxe en un mot.

Renaud Roubaudi - Petites Observations Automobile - novembre 2011

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Lundi 7 novembre 2011

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