La Mini Countryman est-elle une vraie Mini ?

La nouvelle Mini Countryman cède aux sirènes du rationalisme en se dotant de 4 portes, 4 véritables places et d’un grand coffre, histoire de séduire une clientèle familiale. Mais sans ses défauts qui faisaient tout son charme, cette maxi-Mini a-t-elle encore l’âme d’une Mini ? par Renaud Roubaudi publié le 12 mai 2010

On aime souvent les individus autant pour leurs qualités que leurs défauts. C’est aussi vrai pour les voitures de caractères. Accepter leurs petits travers en compensation du plaisir qu’elles distillent, crée un lien invisible, une sorte de pacte secret, entre le conducteur et sa machine. Certes, il s’agit là d’une considération réservée aux amoureux de l’automobile, mais la nouvelle Mini a toujours parlé au cœur plus qu’à la raison. Son habitabilité ridicule, son coffre pour nain et son tarif de petite Rolls n’ont jamais pesé bien lourd face à son charme dévastateur. Dès lors, on peut s’interroger sur le bien fondé de la Countryman qui s’évertue à renier les stigmates familiaux.

Concrètement, ce petit break haut sur patte offre tout ce qui fait défaut à son aînée. 4 portes pour faciliter l’accessibilité des enfants, un grand hayon et un vrai coffre pour engouffrer le barda du week-end et surtout de la place à l’arrière avec 4 sièges individuels. Imaginer voyager confortablement à 4 à bord d’une Mini devient possible, ce qui était tout simplement inconcevable depuis 50 ans ! À l’intérieur, un long rail central divise l’habitacle et l’on peut y clipper plusieurs éléments coulissants.

Bref, cette Mini devient aussi pratique qu’une 207 break vendue deux fois moins cher. Pour justifier un tel écart, la Countryman compte sur sa bonne bouille, sa joyeuse planche de bord inimitable et sa gamme de motorisations sportive empruntée à la Mini, dont la Cooper S qui culmine à 184 ch. Cette dernière est disponible en quatre roues motrices baptisées « All 4 » pour les escapades (improbables) en tout chemin. 

Sur le papier, cette Countryman a donc tout pour séduire les jeunes familles qui buttaient sur le manque de bon sens de la Mini classique ou du Clubman. Normal, c’est l’objectif du marketing : élargir la clientèle pour assurer des volumes. Oui, mais.

En devenant raisonnable, cette Mini perd son grain de folie et son impertinence qui faisaient toute sa saveur. Cela n’a l’air de rien et pourtant. Son profil se banalise, son postérieur ressemble à d’autres et, elle dégage un petit goût de « déjà-vu ». L’effet nouveauté masquera sans doute ce sentiment, mais je prends les paris que le Countryman ne bénéficiera pas de la côte d’amour de la Mini Classique. Pour séduire une nouvelle clientèle, Mini prend le risque de banaliser son image et de perdre en chemin ses fans de la première heure. L’histoire dira si c’était le bon choix.



Petites Observations Automobile - mai 2010