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La théorie du rétroviseur



Pour comprendre l’industrie automobile, observez un rétroviseur extérieur. 

À l’origine, il s’agit d’une plaque de verre monté sur une tige en acier qui permet la rétro vision. Génial d’efficacité et de simplicité, il s’impose au début des années 30 pour ne plus évoluer jusqu’au début des années 80. L’idée de le rendre réglable de l’intérieur change alors le quotidien des conducteurs qui n’ont plus à se tortiller le bras dehors. Rapidement, il devient électrique et chauffant pour se dégivrer en hiver. Trois petites évolutions en une dizaine d’années, qui marquent le rythme du progrès de l’époque.

 

Mais le tempo s’accélère vers le milieu des années 90, poussé par l’innovation des équipementiers. Les verres photo sensibles font leurs apparitions pour s’obscurcir de nuit en cas d’éblouissement d’une voiture suiveuse. Les clignotants latéraux migrent sur la coque pour être plus visible et le rétroviseur se rabat désormais à la coupure du contact pour se protéger des passants indélicats. On y a ensuite ajouté des lumières d’ambiance qui éclairent le sol pour retrouver votre chemin dans la pénombre. Très récemment, des systèmes de détection d’angle mort par caméra se sont greffés sur leur montant et sonnent l’alerte à la moindre occasion (Volvo S80). En 20 ans, d’un simple miroir le rétroviseur a multiplié par 8 le nombre de ses fonctions. Un facteur 8 d’évolution porté par le duo confort /sécurité et que rien ne semble arrêter.

Parallèlement, sa taille a plus que triplé et il fait maintenant l’objet d’un décret européen de plusieurs pages qui réglementent sa dimension, son poids et ses matériaux. Il doit permettre la vision d’un enfant de 8 ans accroupie près de la roue arrière et se détacher en cas de choc violent à plus de 15 km/h. Un casse-tête pour les ingénieurs et les designers.

On peut globalement appliquer le facteur 8 d’évolution du rétroviseur à toutes les fonctions d’une voiture. Climatisation électronique à quadruple zone, détectant le niveau de pollution extérieur ou la sudation d’un passager (Lexus LS), fauteuil électrique à 16 réglages, chauffant, rafraîchissant et massant à plusieurs vitesses (Mercedes Classe S), la liste est infinie. Quant aux normes législatives, sachez que mise bout à bout, elles représentent la taille de deux annuaires téléphoniques !

La question qui se pose aujourd’hui est : « et après, quoi ? » Le rétroviseur va t il devenir polymorphe, invisible ? C’est sans doute possible, mais cette voie de développement n’a t elle pas atteint ses limites ? Outre le fait qu’un simple remplacement vous coûte « un œil », l’évolution des équipements ne semble plus suffire à réinventer l’automobile. Aussi plaisante soit elle, j’en suis le premier supporter, l’innovation doit se transformer en révolution pour sauver le soldat voiture du pétrole et de la pollution. Tout le monde le sait, mais personne ne sait comment devenir révolutionnaire d’un coup de baguette magique.

En attendant que nos brillants chercheurs domptent l’hydrogène et la pile à combustible, une piste de réflexion pourtant se dégage : le retour à la simplicité. Le prototype C Cactus de Citroën, présenté il y a un an, a démontré qu’un retour au fondamentaux était possible, sans pour autant tomber dans la « Loganisation » de Renault. Pleine de charme, la C- Cactus à dévoilé un ensemble de solutions qui sont amenées à voir le jour rapidement, sans investissement excessif. Carrosserie non peinte, capot et vitres fixes, vitesse limitée à 150 km/h, moteur hybride électrique & diesel, intérieur en écorce de liège, chutes de cuir recyclées sur les sièges, tableau de bord concentré dans un lecteur MP 3 Vidéo/GPS qui fait office de clé nomade...

Résultat, une voiture légère et recyclable qui consomme seulement 2,9 litres au 100 km et ne rejette que 70 g de C02/km ! À j’oubliais, les rétroviseurs de la C-Cactus sont justes des simples ... rétroviseurs. La boucle est bouclée, l’histoire recommence.

Renaud Roubaudi - Petites Observations Automobile - février 2009

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Mercredi 25 février 2009

L’avis des Petits Observateurs

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