Souvenirs d'Autos • Citroën

Souvenirs d'Auto (225) : increvable Type H

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Un nouveau souvenir envoyé par Pierre qui est décidément particulièrement prolixe et qui est « docteur ès nostalgie ! »



Ce samedi du mois d'avril un soleil pâle nous réchauffait à peine. Petits footballeurs, nous étions rassemblés sur la place du village devant le Bar des Sports, ce jour nous devions partir à Villars, dans la Dombes, pour défendre les couleurs du club.

Un déplacement de 40km environ.

Nous étions au début des années 70, nous avions 10 ans à peine.

Joël, notre entraineur, faisait les cent pas à coté de sa voiture, une 2CV. Je me souviens, il regardait sa montre toutes les 30 secondes. Il attendait Chantal, également accompagnatrice, qui n'arrivait pas. Joël avec sa petite Auto ne pouvait pas tous nous emmener.

Nous allions être en retard pour le match !

Déboulant au bout de la place dans un vacarme absolu, Chantal surgit au volant d'un TYPE H Citroën gris

Et pied au plancher elle fondait sur notre petite bande. Dans un ronflement de moteur, bruits de tôles vibrantes et fracas de boite de vitesse elle traversa la place et gara le véhicule le long du trottoir, le point mort échappa et l'Engin calait sous nos vivas.

Nous restions plantés là les yeux tous ronds et pouffant de rire devant pareil attelage. Chantal avait empreinté l'Utilitaire de son papa artisan tourneur-fraiseur au village. Le Citroën paternel était très éprouvé, Chantal nous raconta que son père y était très attaché, car il était allé partout avec lui et ne voulait pas en changer. Le compteur affichait des centaines de milliers de kilomètre et avait cessé de fonctionner. Le TYPE H était vraiment fatigué et il aurait mérité soins et réparations.

On fit le tour du curieux Tacot et de nos petits doigts nous retournions et cassions chaque bout de tôle rongé par la rouille, chaque écaille de peinture, on se prit tous au jeu. Ailes et bas de caisse étaient disloquées et que dire des portes arrière.

Chantal tira la vitre y passa la main et ouvrit la porte avec la poignée extérieure, elle glissa du siège, posa le pied sur le marchepieds, sauta puis repoussa avec force la portière qui claqua, mais ne ferma pas. La porte s'ouvrait à l'envers.

Chantal nous embrassa tous. Elle sentait bon le parfum et nous étions fiers de lui tendre la joue, nos yeux brillaient.

Elle échangea quelques mots avec Joël, il fallait faire vite. Elle dut s'y prendre à plusieurs reprises pour ouvrir la porte latérale

Qui décrocha enfin en coulissant dans un bruit terrible de ferraille.

Le bruit de roulement des portes latérales des Utilitaires de l'époque ne s'oublie pas.

Nous jetons nos sacs de sport au fond de la carlingue et nous nous y engouffrons à la queue leu leu en criant et se bousculant, excités que nous étions à l'idée de voyager tous ensemble dans ce drôle d'Appareil en tôle ondulée.

L'intérieur était très sombre, la lunette arrière était à peine plus grande qu'une meurtrière. Le plancher rouillé et limé par les pièces métalliques transportées présentait de nombreux trous et on voyait la route. Il y avait des copeaux de fer partout. Nous essayions d'ouvrir les portes arrière elles étaient coincées. Sur la pointe des pieds nous tentions de toucher le toit bien trop haut.

Nous ne tenions pas en place.

Joël impatient s'assit devant, nous demanda de nous calmer et de nous assoir. Les uns se jetèrent sur les imposants caches roues, les autres sur des planches laissées là, sinon pour les plus malchanceux gare aux copeaux qui piquent, ils plongèrent aussitôt sur les sacs de sport. Je m'asseyais sur la pharmacie.

Le vieux TYPE H épuisé ne démarra pas au premier tour de clé, son moteur semblait renoncer. Chantal pestait. Nous partions enfin.

Route de Bourg puis direction la Dombes, le Fourgon Citroën vibrait de toutes ses tôles et tanguait, nous étions secoués.

Nous nous tenions par les épaules pour ne pas culbuter à chaque virage et criions de joie. Joël éclatait de rire. Grand moment à bord.

Nous aurions voulu que ce trajet ne finisse jamais. Je revois notre arrivée devant les grilles du stade, sac sur l'épaule notre bande sauta hors du véhicule en piaillant, il était trois heures de l'après midi alors et le temps était beau ce samedi de printemps..

Nous venions tous de vivre un moment unique à bord du Vieux TYPE H Citroën, un inoubliable Souvenir d'Auto.

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.  On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps…  Et si possible, joignez à votre histoire des photos….  On adore ça chez POA !

Merci.

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Vendredi 3 mai 2019

L’avis des Petits Observateurs

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