Souvenirs d'Autos • Renault

Souvenirs d'Auto (218) : Une dépannée dépanneuse

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Ce « moment de vie » m’a été envoyé par « Gérard-Vincent de Rouen » que je remercie chaleureusement… Cette histoire me fait penser à ces cadeaux qu’on vous fait et qui ne servent pas du tout à ce qu’on imaginait. Si, si…



 

1987. Je casse ma Fuego GTX marron glacé à la sortie d’Evreux dans l’Eure. Vol plané. Normal devant une base aérienne. Jean-Pierre, mon ami, à la place du passager, peut en témoigner.

Mais plus de voiture pour aller au travail le lundi matin. C’est sans compter sur l’aide de Sylvie, ouvreuse de cinéma (elles vivaient leurs dernières séances), à côté de Rouen. Elle me dit qu’elle a une vieille R5, « Mais elle ne démarre pas depuis trois mois, elle reste dans ma cour, je m’en débarrasserais bien ».

Je vais voir l’engin. C’est une 5L, selon moi l’un des premiers modèles à posséder un levier de vitesse au plancher. Donc 1973, avec des enjoliveurs métal et la fameuse teinte orange 331, orange passé, orange grillé, patiné par la pluie et le soleil normand, avec quelques incrustations d’algues sur les joints des glaces latérales (pas une option d’origine).

Bien avant la mode des peintures mates, la Renault est dans son jus, dans la cour et dans ma tête déjà ; elle a un style particulier, je la veux, je la prends, elle est à moi pour 2.000 francs. Plusieurs détails la rendent attachante :

D’abord son tableau de bord simple et beau avec des striures verticales, brillantes, façon toile cirée ou moleskine. Puis ses pare-chocs enveloppants, entre le crème et le gris, émoussés par le temps, ou râpés, ce qui leur donne une allure de vieux velours épais.

Moins plaisant mais spectaculaire, une fois assis sur les fauteuils en simili noir, c’est le trou de 5 cm dans le plancher côté passager ; la troisième passée, l’air défile dans l’habitacle et remplace la ventilation. Pas de buée sur les vitres dans cette voiture ! Comme dit Jean-Pierre avec ses maximes bien à lui : « Ta bagnole, c’est rouille ma poule. »

Mon père est inquiet et prend deux décisions qui vont graver cette R5 dans la mémoire familiale. Il passe sur les parties abimées qui émaillent la carrosserie, un surplus de peinture anti-rouille vert-bouteille destiné à la porte de son garage puis m’offre une barre de remorquage flambant neuve : « Elle te sera utile, en panne tu pourras te faire tracter facilement. »

Son diagnostique semble se confirmer car je passe un contrôle technique chaotique à l’Automobile Club de l’Ouest - les adhérents ont droit à un contrôle technique annuel, et ce C.T. n’est pas encore obligatoire.



Le jour J, la partie mécanique s’avère sans failles mais le gond inférieur de la portière conducteur s’affaisse, l’ouvrant adopte un ton grinçant comme le contrôleur qui me conseille de trouver une porte d’occasion. J’en trouve une très jolie, jaune citron, teinte déclinée dés 1974.

Le décor est donc planté, mon véhicule est désormais orange, avec des pastilles vertes et une porte jaune. Impossible de rester inaperçu et cette voiture est associée à plusieurs petites histoires drôlatiques et bagnolardes.

En voici deux :

Par deux fois la barre de remorquage va servir (mais pas comme mon père l’imaginait). Dans l’une des descentes sous les quais de Seine à Rouen, ma R5 orange-pressée remorque une 104 ZS dont le moteur refuse de démarrer et la tire hors de la trémie pour ensuite la déposer devant le garage Peugeot tout proche.

Un an plus tard, la R5 campus toute récente d’un ami à un problème d’alternateur. Qui s’y colle ? La R5 dépanneuse qui remorque, tracte et tire tout ce qui bouge avec entrain pour rejoindre un garage salvateur.

Quelle santé ! Rouille toujours oui, trouille parcours non ! Étant prof, ma Fuego sur le parking me rangeait dans la catégorie des automobilistes lambda. Mais à la fin d’un cours d’amphi, peu de temps après l’acquisition de cette 5 orange-étrange, une étudiante vint me voir pour me confier :

« Monsieur, votre voiture, elle est vachement rasta ! ».

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion.  On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA ! Merci.

 

 

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Vendredi 15 mars 2019

L’avis des Petits Observateurs

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