Souvenirs d'Autos • Land Rover

Souvenirs d'Autos (216) : Maudit Range Rover

 

Une rubrique pilotée par le Commandant Chatel. Olivier, qui nous avait envoyé un excellent Souvenir,  La Rolls de Joe ,récidive… pour notre plus grand plaisir.  Car je dois dire que ses histoires font mouche ! Attention, chers lecteurs, vous allez en baver !

En ce mois de Septembre 2015, après dix ans de vives discussions avec ma chère Laurence, voilà qu’elle accepte enfin dans la joie et une certaine exaltation le fait que je puisse acheter une voiture anglaise. J’aurais dû me méfier de ce revirement suspect. Elle allait me quitter pour toujours dans quelques semaines.

Donc filons droit sur les divers forums spécialisés de la presse automobile. Je souhaite un Range-Rover L 332. Le plus emblématique pour moi.
 





     
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  • -  Fuyez ce désastre ambulant. Hum ce site n’est pas bon...




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  • -  Une vraie merde anglaise. Ho ! Quelle vulgarité !




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  • -  Que des pannes à répétitions. Ce côté excessivement négatif n’est pas crédible.




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  • -  Le pire du pire de la production automobile. Quelle médisance ! Un vil amateur de Dacia 

Ah, j’ai trouvé un site sérieux.




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  • L’excellence, le bonheur de rouler, jamais aucune panne... A ben voilà ! Je le savais.




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Tous les avis des forums concordent dans ce sens ! Le Range Rover souffre d’une image non méritée.
 Avec mon budget de 15.000 euros, je jette mon dévolu sur un Range Rover de 2005 à vendre dans les Vosges. Avec le six cylindres en ligne de chez BMW.

Après une traversée de la France depuis Saint-Raphaël, me voilà devant la bête. Il est imposant.
Je sens une chaleur derrière ma nuque qui me fait dire « barre-toi en courant ». Mais la déraison l’emporte.



Après un bref essai, je conclus l’affaire. Le vendeur est très content de me reprendre ma Ford Focus automatique réputée invendable. Quel saint-homme !
Ce Range à quand-même 160.000 kilomètres au compteur. Mais le carnet d’entretien est à jour et c’est une première main.

Allons-y. Il me faut un petit temps d’adaptation pour appréhender l’engin. C’est gros et lourd. Cela ne se conduit pas comme un Mercedes ML. 
Je file sur l’autoroute. Quelle joie. Quelle onctuosité. Un vrai yacht sur route. Cette ambiance oldschool. Je suis aux anges.  Allons à 130.

Zrrr, Zrrrr tiens il zrrrote zrrrotte. Mumm. Ça commence bien. Je téléphone au vendeur. - Rien de grave. On a changé le parebrise. Les contours se mettent en place.

Ah oui. Ben j’ai dû redescendre à 110 pour plus qu’il zrrrote. Jusqu’à Saint-Raphaël c’est long. Le lendemain, il a cessé de zrrroter. Il chasse simplement à l’arrière droite lorsque je freine. Pfff tu parles d’un truc.
Je vais chez mon petit garagiste qui pratique des tarifs convenables. Le concessionnaire de la marque ayant une certaine considération de ses prestations.

 

 

 





     
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  • C’est rien, juste le maitre-cylindre à changer. T’en a pour 400 euros maxi.




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Pas rien quand-même.
Je suis au paradis. Cette voiture comble toutes mes attentes. Une semaine déjà de bonheur. Hormis le fait qu’il faut accepter de se garer en périphérie des villes, cet immeuble sur roues n’entrant quasiment dans aucun parkings souterrains de la Côte-d’Azur. Quant à trouver une place en centre-ville, avec son gabarit il faut tourner un long moment dans les rues.

Zift, Zift ! Tiens ? Il zifte Zfite.
 Cette voiture est la reine des onomatopées. Retour chez le garagiste.

 

 

 

 

 





     
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  • Mumm, c’est ton turbo, il y en a pour 3500 euros. (J’ai faili m’étrangler devant la somme à débourser)




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  • T’inquiète pas. On peut faire reconditionner des turbos d’occase. Ça ne te coutera que dans les 1300 euros.




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La guigne. Laurence décide de rompre, ce qui va me couter des sous, et je dois me mettre à mon compte en qualité de chauffeur VTC ce qui n’est pas gratuit.
 Par dépit je joue un Keno à six numéros. Et je gagne 1000 euros. Quelle veine dans mon malheur. Je retrouve le sourire.

Grouuuu, Grouuuu. Il continue à s’exprimer. Grrrr ! Ça c’est moi !
Mon garagiste pense que c’est la vanne GR.

 

 

 

 

 





     
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  • C’est que dalle ! Pas plus de 300 euros !




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Même en francs, je trouve ça cher.


Il grougroute encore lorsque je le récupère. Le garagiste est dubitatif. Pas autant que moi. Cet engin commence à m’exaspérer.
Je décide avec un ami qui vient de se faire larguer lui aussi, d’aller me ressourcer en Haute-Savoie. Au retour, nous empruntons la route Napoléon. C’est l’automne. La vision panoramique depuis l’habitacle est enchanteresse. Cette position haute, ce confort. À part ce léger grougrou, c’est la béatitude.

 

 

 

 

 





     
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  • -  Combien il consomme ton Range Oliver ?




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  • -  Attends, je regarde sur l’ordi de bord. Euh voilà 50 litres...




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  • -  Hein !!! Quoi, 50 litres !




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  • -  Ben oui, il doit y avoir une erreur. En fait euh...l’aiguille descend à vue d’œil. 
Voilà pas que ce satané engin de malheur se met à boire 50 litres aux cent kilomètres. J’en ai soudainement des sueurs froides. En pleine route Napoléon, un dimanche.




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50 litres au 100

Nous nous arrêtons au col de Luce la Croix-Haute. On vérifie s’il n’y a pas une fuite. Rien. On reprend la route en priant de trouver une station-service en libre-service avec carte bancaire. On en trouve une. On fait le plein. On repart. Et voilà qu’il reprend une consommation normale de douze litres. Ce Range-Rover a l’esprit taquin.

Le lendemain j’explique le problème survenu à mon garagiste. Il me regarde la bouche en cœur, les yeux dans le vague. Je n’aurais pas fait mieux.



Pchaout ! Tiens un nouveau bruit. Succin ! Le Range se met à ne pas vouloir dépasser les 50 km/h. Heureusement je ne suis qu’à quelques kilomètres du garage.

 

 

 

 

 





     
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  • -  Ah merde ! T’a coulé deux soupapes. Manquait plus que ça.




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  • -  Je vais te faire un devis.




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  • Heureusement qu’il me prête une voiture de courtoisie.




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  • -  Bon ! le constructeur préconise de changer toutes les soupapes. T’en a pour 9.000 
 
Je ne suis même pas ébranlé par la somme. Je commence à m’accoutumer aux caprices de cette stupide voiture.




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  • -  Et bien moi, je préconise que l’on s’assoie sur les préconisations de ce putain de constructeur de tracteurs anglais. Tu me changes juste les deux soupapes.




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  • -  Oui, mais c’est interdit. Il faut que tu me signes une décharge.




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  • -  Je te signe toutes les décharges du monde occidental s’il le faut !




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  • Verdict ! 3.000 euros. Continuant à jouer au keno, voilà que le lendemain je gagne 3.000 euros. Punaise ! Il y a un bon dieu pour les bagnolards irresponsables.
Quelques jours plus tard ce 4x4 se met en grève à nouveau. 50 km/h, pas plus ! Cela doit être le maximum syndical chez Land-Rover. Revenant de Cannes, je retourne au garage en prenant par les Adrets de l’Esterel, via la Nationale 7. Dans les montées, les vélos me doublent, je dois être à 10 km/h. Quelle abnégation de supporter de telles situations.




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  • -  C’est les injecteurs.




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  • -  ..




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  • -  Je les ai amenés chez Bosch, ça va te couter 12.000 euros.




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  • -  Quoi ?




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  • -  Il y en a deux à changer mais selon le constructeur il faut tout changer.




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  • -  J’emmerde ce constructeur incapable de construire des voitures fiables. Apporte-moi la décharge à signer, et ne me change que deux injecteurs.




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Coût ? 4.000 euros.
 Le lendemain... je gagne 4.000 Euros au Keno. J’ai dû mal à y croire moi-même. Mon athéisme en prend un coup. Ça tombe bien je suis fauché.

Il grougroute quand même encore.
Il commence à me sortir des yeux. Je le prends en grippe.
Il grougroute de plus en plus fort. Mon garagiste cherche mais ne trouve rien. Je pars à Narbonne. Grou, Grou.

Je reviens de Narbonne Grô, Grô ! Ah il grogrotte maintenant.
Groaaaa, Groaaaa. Euh...plaît-il ?
Zikkk... il ne groate plus. Il n’avance plus non plus. La boîte de vitesse vient de lâcher.
Je dois reconnaitre une certaine noblesse anglaise dans cette automobile. Quelle élégance dans son ultime courtoisie à mon égard. La boîte rend l’âme pile devant l’entrée de chez mon garagiste.

 

 

 

 

 





     
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  • -  C’était ça le bruit. La boite ! Putain, t’en a pour au moins pour 6.000 euros.




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  • -  Non, j’abandonne, je le revends en l’état.




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  • -  Nannnn ! Ne te bile pas ! On peut trouver des boîtes d’occase pour 3.500 balles.




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  • Je vais réfléchir. Entretemps, je sors ma botte secrète. Le Keno ! Je joue pendant une semaine. Mais rien. Fichte ! Même les dieux de l’Olympe me laissent tomber. Je ne gagne rien...
Je retourne au garage. Je suis ferme dans ma décision, je le brade en l’état pour 5.000 euros.




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  • -  Fais pas ça Olivier ! T’as réparé toutes les merdes qui pouvaient t’arriver. Que tu dis...




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  • -  Non j’en ai ma claque !




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  • -  J’ai une autre solution. La vidange de boîte n’a jamais été faite. Ce n’est pas préconisé par le constructeur. Ce qui est incompréhensible ! Non sans blague. Un certain humour




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  • -  C’est étrange parce que chez BMW il le préconise. Je te fais la vidange et je suis sûr qu’il va fonctionner à nouveau.




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Par Saint-Christophe qu’est-ce qu’on préconise dans ce garage... 
En effet, il roulera. Néanmoins à mon avis c’est du court terme. La boîte de vitesse a été fragilisée. Je décide de m’en séparer. Entretemps la femme du garagiste-préconisateur est tombée sous le charme de cette auto. Il me propose de me le reprendre à 4.500 euros, les 500 euros de rabais étant le prix de la vidange. Il ne perd pas le nord, le bougre. Avec tout l’argent que je lui ai laissé.

Mais je suis soulagé. D’autres pannes pouvaient survenir avec ce kilométrage. 
Alors, dernière voiture anglaise ? Bien sûr que non !!!
J’ai trop apprécié mon Range-Rover lorsqu’il fonctionnait. (Pas longtemps)
Pendant deux ans, dans le cadre de ma profession j’ai roulé en Mercedes classe C, E, S et V. La C avec son kit AMG était très sympa à conduire. La E, un peu baleine, la S un confort royal. Le classe V, un véritable couteau suisse pour la profession de chauffeur VTC. Mais comme le dit si bien Jeremy Clarkson de Top Gear, les voitures allemandes n’ont pas d’âmes.
Je regrette mon Range-Rover.

Pour un certain art de vivre à l’anglaise. Le six cylindres était trop fragile. Si je devais en reprendre un, j’opterais pour le V8. Avec moins de 100.000 kilomètres et une vidange de boîte dès son achat. Ou plus certainement pour une Jaguar XJ des années 2003-2007, comme celle du Commandant Chatel. La dernière vraie XJ pour moi. Malgré cette mauvaise expérience, je reste un fou de Jaguar, de Rolls, et de Range-Rover.
Je vais repasser à l’acte...Je le sens. Les anglaises sont dans mon ADN.

 

Cette rubrique est aussi la vôtre !

Racontez vos anecdotes au Commandant Chatel par mail (thibautchatel@icloud.com), il se chargera de les publier. N’oubliez pas que pour « Souvenirs d’Autos » nous cherchons de l’anecdote, de l’humain, de l’humour, de l’émotion. On oublie un peu l’arbre à came et le Weber double-corps… Et si possible, joignez à votre histoire des photos…. On adore ça chez POA !Merci.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Vendredi 22 février 2019

L’avis des Petits Observateurs

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